Un hiver à pile ou face
titre original : One Way or Another
Autrice : Kara McDowell
trad. par Sidonie Van Den Dries
448 p.
Milan, 2021

Aussi, quand deux opportunités extraordinaires se présentent à elle quelques jours avant Noël, Paige est incapable de prendre une décision.
Une semaine à la montagne avec son meilleur ami (dont elle est secrètement amoureuse), ou un séjour à New York, LA ville de ses rêves ?
Alors que l’angoisse de ce choix cornélien la submerge, Paige fait une mauvaise chute dans un supermarché… et son futur se retrouve divisé en deux !

Pour Paige, ce problème de choix est un problème quotidien. Elle doute de tout et surtout d’elle-même. Un choix tout simple lui demande un trésor de concentration et les rouages de son imagination, de ses réflexions se mettent irrémédiablement en branle. C’est un cauchemar à vivre pour elle. Elle sait qu’elle passe à côté de beaucoup de chose à cause de ça. Et surtout cela lui cause très souvent des crises d’angoisse…
– Tu es en train de me dire que j’aurai des regrets quoi que je fasse ?
– C’est Kierkegaard qui le dit, pas moi. A mon avis, si tous les chemins mènent au regret, autant faire ce qu’on veut.
Heureusement, il y a son meilleur ami… Enfin… Elle est folle amoureuse de lui. Mais elle fait tout pour qu’il ne s’en rende jamais compte car elle est persuadée que si elle révèle ses sentiments cela aura des conséquences lourdes pour sa vie future, pour sa relation avec lui… et pas des conséquences positives forcément.
On est à quelques jours de Noël, et deux choix s’offrent à elle : partir à New York avec sa mère, une ville qu’elle rêve de visiter depuis toujours. OU partir dans le chalet familial de son meilleur ami où ce sera peut-être enfin l’occasion qu’elle attend de se dévoiler…
Un choix cornélien. Un choix impossible. Une fin d’année qui pourrait être réjouissante et pleine de rêves… Mais il s’agit de Paige alors forcément…
Et c’est à partir de ce choix que le récit offre des scénarios alternatifs, tout comme dans le roman d’Aimée Friedman 16 ans, 2 étés. L’autrice alterne les deux récits construit en parallèle, sur le principe des multivers : l’un où elle est dans le chalet avec son meilleur ami, l’autre où elle est à New York avec sa mère. Mais que ce soit dans l’un ou l’autre de ces choix, il y a des points communs dont son incapacité constante à faire des choix (elle utilisera une appli Magic 8-ball pour l’aider), ou encore une lettre qu’elle a rédigé à l’attention de son ami(elle lui a donné dans les deux cas, mais dans les deux cas elle a changé d’avis et elle ne veut plus qu’il la lise!).
On ne s’ennuie pas pendant cette lecture rythmé par l’énergie désespérée de la jeune fille qui tente de sortir la tête de l’eau. Sa maladresse, son incapacité à choisir sont touchantes. J’ai ressenti pas mal d’empathie pour elle car je lui ressemble un peu pour cette question de choix…. Trop de choix tue le choix : c’est un leitmotiv qui revient non-stop dans ma vie mais à un degré bien moins maladif qu’elle quand même.
En tout cas, dans un récit comme dans l’autre, ces émotions seront mis à rude épreuve. J’ai apprécié les alternatives proposées ainsi que les dénouements.
