Paisiblement installé depuis des milliers d’années dans une forêt qu’il aime, un rocher bleu est brisé en deux. L’une des moitiés est brutalement arrachée à son destin. Alors, s’engage pour elle une vie d’errance et de multiples existences. Au gré des envies, de la fantaisie et du caractère de celles et ceux qui la possèdent et la façonnent, elle subit mille transformations et chaque fois voit sa taille déminuer jusqu’à devenir… poussière et voler librement jusqu’à chez elle.

Jimmy Liao nous propose un album sur les thématiques de la vie, du temps qui passe, de la solitude, de l’oubli et de la capacité à avancer.
Le rocher bleu, après avoir été découvert par l’humain passe de main en main, d’époque en époque. On le travaille, on le façonne, on le sculpte, on l’admire, on s’émerveille, on se confie à lui et puis le temps suit son cours. On le délaisse, on l’oublie dans son coin. Alors le rocher bleu, nostalgique, pense à sa forêt d’origine, à sa moitié rester là-bas. L’ennui, l’érosion le rattrape et il s’effrite, se brise.

Les mois, les années s’écoulent. On le découvre à nouveau. Et le cycle recommence ainsi, encore et encore. Sans fin ?Le rocher devient sous l’effet de l’homme éléphant, poisson, oiseau, croissant de lune, chat, parements… on le réinvente sans cesse. Mais la mélancolie est toujours là.
L’album est une métaphore poétique, psychologique et écologique : tout se transforme rien ne se perd. Tout se travaille redevient poussière mais un renouveau, un cycle de vie qui redémarre, se servant du passé pour aller de l’avant.

On y parle écologie avec l’impact de l’activité humaine sur la nature. On y parle résilience avec cette capacité à rebondir, à transformer. Ce qui m’a surtout marqué à la lecture de cet album, c’est le spleen, la mélancolie qui s’en dégage. J’ai trouvé que la majeur partie de l’histoire était triste, voire même dramatique. Conseillé par l’éditeur à partir de huit ans, je recommanderais plutôt de le découvrir à partir de 10 ans pour la part d’analyse et  de compréhension de la philosophie qui se lit entre les lignes.