Roman

Un jour ce sera vide de Hugo Lindenberg

unjourceseravideUn jour ce sera vide

Auteur : Hugo Lindenberg
Lu par Clément Hervieu-Léger

4h13
Audiolib, 2022
176 p.
Christian Bourgois, 2020

résumé C’est un été en Normandie. Le narrateur est encore dans cet état de l’enfance où tout se vit intensément, où l’on ne sait pas très bien qui l’on est, où une invasion de fourmis équivaut à la déclaration d’une guerre qu’il faudra mener de toutes ses forces. Un jour, il rencontre un autre garçon sur la plage, Baptiste. Se noue entre eux une amitié d’autant plus forte qu’elle se fonde sur un déséquilibre : Baptiste a des parents parfaits, habite dans une maison parfaite. Sa famille est l’image d’un bonheur que le narrateur cherche partout, mais qui se refuse à lui. Flanqué d’une grand-mère à l’accent prononcé, et d’une tante « monstrueuse », notre narrateur rêve, imagine, se raconte des histoires, tente de surpasser la honte sociale et familiale qui le saisit face à son nouvel ami. Il entre dans une zone trouble où le sentiment d’appartenance est ambigu : vers où va, finalement, sa loyauté ? Écrit dans une langue ciselée et très sensible, Un jour ce sera vide est un roman fait de silences et de scènes lumineuses qu’on quitte avec la mélancolie des fins de vacances. Hugo Lindenberg y explore les sentiments, bons comme mauvais, qui traversent toute famille, et le poids des traumatismes de l’Histoire.

cequejenaipenséEncore une découverte pour moi dans le cadre de ce prix Audiolib. J’avais entendu parler de ce roman lorsqu’il a reçu le prix du livre Inter 2021 ais je n’y avais pas plus prêté d’attention que ça.

A sa réception, j’ai été intriguée à la fois par le titre et par cette méduse omniprésente sur la première de couverture.

Porté par la voix de Clément Hervieu-Léger, acteur, sociétaire de la Comédie Française, auteur et metteur en scène, ce texte ce place clairement dans l’univers de l’enfance. En effet, l’auteur, Hugo Lindenberg, dont c’est ici le premier roman, nous partage des souvenirs d’enfance, le temps des vacances estivales. Les souvenirs de son personnage. Un jeune garçon dont on ignore le prénom et qui sera notre narrateur.

Nous sommes donc en été. En Normandie. Le jeune garçon d’une dizaine d’année est en vacances avec sa grand-mère et sa tante « monstrueuse »… Il s’ennuie. L’enfance c’est le moment de l’intensité. Alors il s’ennuie en conséquence. Il se découvre. Il expérimente. Il s’aventure.

Un jour, sur la plage, une rencontre qui va changer beaucoup de chose pour lui. Cette rencontre c’est Baptiste. Il a son âge. Il est là lui aussi en vacances avec sa famille. Il voit rapidement en ce garçon un ami, qu’il n’a jamais eu, un frère qu’il rêve d’avoir. Le narrateur ne vit plus qu’à travers ce Baptiste. d’autant qu’il est son opposé : il a une famille qui s’aime. Une famille qui est heureuse. La famille dont il rêve. Une famille dont il n’aurait pas honte.

La vérité c’est que j’absorbais tout ce que je pouvais jusqu’à devenir l’air autour d’eux, jusqu’à être aspiré dans leurs poumons, puis recraché, puis aspiré encore pour saisir l’essence même de leur bonheur. J’aurais bu leur sang si ça m’avait permis de comprendre ce que c’est que d’avoir une famille comme les autres.

L’été va leur faire vivre des tas d’aventures (notamment avec les fameuses méduses). L’été va lui faire vivre tout un tas d’émotions intenses, fortes.

C’est un roman émouvant au narrateur touchant. On ressent son mal-être de jeune homme en construction, qui n’a pas les repères pour se sentir à l’aise en société, qui n’a pas les codes de la famille car la sienne a disparu. Il observe, imagine, se raconte, se crée une vie, se crée des souvenirs, réfléchit, analyse, rêve. L’auteur porte ici toute l’innocence de l’enfance. Le regard indécis, envieux mais toute fois réaliste sur les choses de la vie. L’enfant ne sait pas grand chose de la vie mais à force d’observer les autres il se forge des certitudes, des croyances sur la société, et le fossé des classes sociales.

Entre silence, attente, et moments de jeux, l’auteur parle avec affection de l’enfance, de la construction de soi, de l’exploration de ses sentiments.

Alors j’ai ri, entraînant Baptiste avec moi. Deux petites têtes hilares dépassant de l’eau. Le visage édenté de mon ami disparaissait derrière la dune d’une vague naissante pour réapparaître aussi naïf et franc l’instant d’après, riant de plus belle. Et je l’aimais tant que j’aurais voulu le noyer.

L’enfant se fraie un chemin dans le monde des adultes, avec ses clés, sa personnalité, les secrets et le poids de l’histoire familiale.

Sous les apparences légères et crédules de l’enfance, Hugo Lindenberg parle avec justesse et fébrilité de la construction.

Si j’ai eu un peu de mal à entrer dans le récit, c’est qu’au départ je ne comprenais pas vers où voulait aller l’auteur avec cet histoire de jeune garçon intrépide, solitaire, silencieux et qui me semblait menteur et manipulateur… Mais finalement j’ai compris l’aboutissement de ce récit, le pourquoi. La sensibilité du jeune garçon m’a touchée, mais sa vénération dévorante pour son ami m’a aussi parfois fait craindre le pire. Et la voix d Clément Hervieu-Légier n’y est sans doute pas pour rien. Il module sa voix en fonction de l’âge du narrateur , ajoutant à l’ambiance naïve de l’enfance. Je me suis retrouvée sur cette plage normande, à observer de loin ces deux garçons se découvrir, jouer ensemble. J’ai aussi vu la tristesse et l’envie du narrateur face à ce Baptiste.

en bref

Un roman sur l’enfance, sur la construction de soi, sur la solitude et l’amitié.

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