L’Ange de Munich
titre original : L’Angelo di Monaco
Auteur : Fabiano Massimi
trad. de l’italien par Laura Brignon
Lu par Nicolas Matthys
14h04
Audiolib, 2021
560 p.
Editions Albin Michel, 2021
Munich, 1931. Angela Raubal, 23 ans, est retrouvée morte dans la chambre d’un appartement de Prinzregentenplatz. À côté de son corps inerte, un pistolet Walther. Tout indique un suicide et pousse à classer l’affaire.
Sauf qu’Angela n’est pas n’importe qui. Son oncle et tuteur légal, avec lequel elle vivait, est le leader du parti national socialiste des travailleurs, Adolf Hitler. Les liens troubles entre lui et sa nièce font d’ailleurs l’objet de rumeurs dans les rangs des opposants comme des partisans de cet homme politique en pleine ascension. Détail troublant : l’arme qui a tué Angela appartient à Hitler.
Entre pressions politiques, peur du scandale et secrets sulfureux, cet événement, si il éclatait au grand jour, pourrait mettre un terme à la carrière d’Hitler. Et faire du commissaire Sauer, chargé de l’enquête, un témoin très gênant.
Nous sommes en 1931. Le 18 septembre. Le corps de la nièce d’Adolf Hitler, Angela Raubal, est retrouvée dans l’appartement dans lequel ils vivaient ensemble. Une enquête expéditive. En quelques heures, et malgré des zones d’ombres, on conclut au suicide. Et l’affaire est bouclée.
Aujourd’hui encore le mystère autour de cette affaire demeure. Que s’est-il vraiment passé dans cette chambre? Suicide ? Assassinat ? Disparition du corps et des preuves ? Quel est le rôle d’Hitler ?
Cette histoire a intriguée pendant des années et a nourri l’imagination des historiens et journalistes. C’est au tour de Fabiano Massimi de mener son enquête. En se basant sur les archives historiques, l’auteur mène son enquête, assemble les éléments, reconstitue les faits.
Le commissaire Sauer est en charge de l’enquête. D’abord officiellement puis officieusement. Sur place, il découvre le corps de la jeune femme. Elle était dans une chambre fermée de l’intérieur. Une arme est retrouvée à ses côtés. Elle se serait tirée une balle dans la poitrine et en tombant se serait défigurée. L’arme appartient… à son oncle, Adolf Hitler.
Il y a des gens qui sont faits pour la réalité, commissaire Forster, et des gens qui sont faits pour la fiction.
–Et tu ne pourrais pas faire semblant de t’intéresser à la réalité ?
–La réalité est un endroit terrible. Je préfère y passer le moins de temps possible.
Pour Sauer, qui se méfie de l’homme politique, rien de tout ça n’est clair. Et il n’a pas le temps de conclure sa propre enquête que le dossier est clos, le corps pas autopsié et récupéré par la famille et les éventuels témoins sont difficiles à retrouver. Tout lui semble louche. Est-ce qu’Hitler et le parti ont des choses à cacher ? Ou ont-ils juste peur du scandale ?
Quand Herr Hitler se tut, Sauer s’aperçut qu’il avait écouté son récit sans prendre une seule note, comme captivé par un de ses compteurs hors pair qui parviennent à faire oublier l’existence du monde réel à leur public.
Mais un proche d’Hitler va venir lui confier en off les pleins pouvoirs pour essayer d’éclaircir cette histoire. Hitler serait dans une grande détresse morale suite à la perte de sa nièce adorée. Et il veut des réponses. Sauer est loin d’apprécier le parti nazi qui est en pleine ascension en Allemagne à cette époque.
Alors aux côtés de Sauer nous démêlons les fils, nous évitons les multiples embûches pour arriver à comprendre. Fabiano Massimi s’appuie sur ses recherches et une forte connaissance de l’époque pour nous proposer un roman au contexte historique soignée, précis. On croise bon nombre de membres éminents du parti nazi, on découvre leurs personnalités. Personnellement, l’attitude du Führer m’a surprise, déstabilisée, me demandant s’il aurait vraiment réagi comme ça… A la lumière de ce qu’on sait de lui après…
Malgré le contexte et les personnages réels, on oublie presque que nous sommes dans un récit de faits divers. Nous sommes accrochés à l’enquête du Commissaire Sauer, qui semble quelqu’un de droit, de fiable et de son acolyte Forster, à l’humour étonnant dans un contexte délicat.
L’auteur a-t-il décidé d’aller sur une des ombreuses hypothèses nés au cours de l’histoire : le Führer, lui-même, par jalousie ? quelqu’un de partie pour éviter le scandale d’une relation plausible entre Geli et son oncle ? un véritable suicide pour échapper à l’emprise d’un oncle omniprésent ?
Fabiano Massimi a mené sa propre enquête, a imaginé les dialogues autour de faits vérifiés, en a extrapolé d’autres. Il nous donne une version, sa version. Intime conviction? réalité ? A vous de juger ?
En tout cas, moi, j’ai été transporté dans ce récit, tenue en haleine par l’histoire et notamment par la personnalité de l’enquêteur.
Si tu laisses l’ennemi derrière toi, ça ne s’appelle pas la liberté, ça s’appelle la fuite.
Dans la version Audiolib, c’est l’acteur belge, Nicolas Matthys, spécialiste du doublage qui prête sa voix à cette histoire vraie qui a façonné un pan de l’Histoire moderne. L’acteur a une voix à la fois légère et grave. Les intonations claquent, se calant sur la sonorité anguleuse de la langue allemande, reflétant l’image stricte et militaire qui se dessinait alors autour d’Adolf Hitler.
Captivant.


Angela (dite Geli) Raubal