Roman

Et que quelqu’un vous tende la main de Carène Ponte

couv32720666Et que quelqu’un vous tende la main

Autrice : Carène Ponte

288 p.
Fleuve éditions, 2021


résumé Le Jardin des Cybèles est une maison de repos qui accueille des personnes abîmées par la vie. Cet été-là, elle ouvre ses portes à deux nouvelles pensionnaires : Valérie et Anna.
Quelques jours après leur arrivée, elles font la connaissance de Charline, la propriétaire d’un petit salon de thé voisin. Ce lieu chaleureux devient un véritable refuge pour les deux femmes, qui adorent s’y retrouver pour déguster des gâteaux tout en bavardant.
Mais une nouvelle dramatique va chambouler l’existence de Charline et perturber ce fragile équilibre. Valérie et Anna décident alors de mettre leur propre souffrance de côté pour épauler leur amie dans cette terrible épreuve. Toutes trois embarquent pour une virée au bord de la mer. Le temps de ce séjour improvisé, elles comptent bien réapprendre à profiter de la vie?!

 

cequejenaipenséCarène Ponte est de retour en librairie pour mon plus grand plaisir ! Ce nouveau roman ne fait pas exception : j’ai retrouvé sa plume enjouée, vibrante de vie, attentionnée, rythmée où elle croque le destin de personnages réalistes.

Nous nous retrouvons cette fois dans une maison de repos, Le Jardin des Cybèles, dont la spécialité est d’aider à la reconstruction de personnes malmenées par la vie, des personnes à bout, arrivés à un point de rupture dont ils ne peuvent se relever seuls.

C’est loin d’être aussi naturel et simple que vous le pensez d’exprimer ses émotions. Bien au contraire. Beaucoup de gens ont du mal à le faire. Je vois régulièrement des patients qui viennent de perdre un parent et qui se demandent s’ils ont été aimés. S’ils se posent la question, c’est qu’on ne le leur a jamais dit.

Valérie et Anna viennent d'(y déposer leurs bagages, dans tous les sens du terme. La première ne pense pas savoir aimer, pense ne pas savoir être une mère. Elle n’a pas eu pour ainsi dire de mère alors comment peut-elle en être une ? C’est du moins ce qu’elle ressent. Grâce à l’écoute attentive de sa thérapeute Catherine – et à la théorie des cuillères -, elle commence à mettre des mots sur ses maux. Mais son chemin vers le mieux être, vers le pardon à soi-même va aussi tenir à la rencontre de deux autres femmes.

La théorie des cuillères …. c’est une femme atteinte d’un lupus qui a développé cette allégorie. Alors qu’elle dînait avec une amie celle-ci lui a demandé ce que ça faisait de vivre avec cette maladie. Christine a commencé par lui parler des douleurs, des médicaments, de la fatigue, mais ce n’était pas assez concret. C’est alors qu’une idée lui est venue. Elle a ramassé leurs petites cuillères ainsi que celles des tables voisines puis les a tendues à son amie. Tu as 12 cuillères, a-t-elle commencé. Chaque tâche que tu dois effectuer dans la journée va t’en coûter au minimum une. Liste tout ce que tu as à faire et, pour chaque activité, ôte une cuillère de ton stock. Tu comprendras alors ce que c’est de vivre avec un nombre limité de cuillères.

Tout d’abord Anna. Elle ne sait pas pourquoi mais elle va aller vers cette très jeune femme. Repliée sur elle-même, seule, torturée, triste. Valérie va lui adresser un simple bonjour, et leur relation se tissera naturellement.

L’autre personne ne fait pas partie des patientes de ce lieu. Mais pourrait très bien l’être. Charline tient un salon de thé-pâtisserie à la déco inspirée du célèbre Central Perk. Une pâtisserie où elle laisse libre cours à sa créativité culinaire, testant et assemblant les goûts et textures. Là aussi la rencontre entre Valérie et Charline se fait aussi de façon spontanée. Comme si elles étaient faite pour se rencontrer. Charline vient d’être plaquée par son ex-futur mari qui l’a quittée… pour sa meilleure amie. Un beau cliché, une belle malchance… qui semble poursuivre la pauvre Charline.

Valérie, Anna et Charline. Trois femmes tristes, déprimées. A des degrés différents. Pour des raisons différentes. Mais on ne juge pas la tristesse, la dépression. Chacun peut le gérer différemment. A son rythme. A sa façon.

La rencontre de ces trois femmes devait se faire. Comme s’il y avait un lien entre elles. Une évidence. Au moment où elles avaient le plus besoin de soutien, elles ont trouvé l’oreille attentive, qui n’était pas dans le jugement ni la pitié, mais plutôt dans l’empathie, le partage, le soutien émotionnel.

Les mains se sont tendues. Agrippées. Consolidées. Ensemble.

Ces trois femmes ont des destins différents, douloureux. La vie ne les épargne pas. Ni dans le passé, ni dans le présent. On partage leur souffrance, on les soutient à distance, en spectateur. J’ai ressenti une grande empathie pour ces trois personnages. J’ai pleuré à leurs côtés. Mais j’ai aussi beaucoup ri grâce à la plume à la fois émouvante et joyeuse de Carène Ponte. Elle s’est insufflée la vie, le rythme à son intrigue, à sa scénographie. Une énergie dans les dialogues, dans les actions. Elle a une écriture si vivante et si visuelle que, comme à chaque fois, j’avais les images qui défilaient devant les yeux. Valérie, Anna et Charline ont pris vie, j’ai suivi leurs mouvements, leurs humeurs, leurs éclats de rire. J’ai partagé avec plaisir et affection ce moment clé de leur vie. Cette rencontre. Ce séjour…. Elles ne seront plus les mêmes. Elles auront accepté d’avancer, de laisser quelques lourds bagages de côté, appris à avancer avec les défis de la vie.

en brefUne invitation à profiter de la vie, à prendre conscience de l’amour et du besoin d’être entourée par les bonnes personnes. Une nouvelle histoire touchante, pleine d’humour et d’émotions : trois portraits de femmes fortes et fragiles, des femmes avec des blessures qui vont devoir apprendre à vivre avec tout en avançant et en acceptant d’avoir droit à une part de bonheur.

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