Roman

Les Femmes du North End de Katherena Vermette

Les Femmes du North End

titre original : The Break

Autrice : Katherena Vermette
trad. de l’anglais (Canada) par Hélène Fournier
431 p.
Albin Michel, 2022 (Terres d’Amérique)


résuméUne nuit, un drame vient ébranler la communauté du North End. C’est à travers l’histoire de ces femmes autochtone au Canada, leur résilience et leur histoire personnelle, que les événements menant à cette nuit sont retracés.
 
cequejenaipenséIl en aura fallu du temps pour que ce roman arrive jusqu’en France. Sorti en 2016, c’est Albin Michel et sa belle collection Terres d’Amérique qui le met en avant. Un roman choral envoûtant qui se dévore en quelques heures.
Stella est réveillée en pleine nuit. Épuisée, elle veille sur ses enfants. Mais cette nuit-là n’est pas comme les autres. Elle assiste, impuissante, terrorisée, à l’agression d’une personne. Mais vivant dans un quartier où les gangs règnent, elle n’a pas osé sortir. Elle a juste appelé la police. Ce qui est déjà très bien mais elle culpabilise. Et a peur de ce qui peut se passer.
L’air sérieux, Stella regarde sa grand-mère droit dans les yeux. « Les filles ne se font pas agresser dans les quartiers sûrs. »
Sa grand-mère la fixe malgré sa quasi-cécité. « Ma Stella, les filles se font agresser partout. »
Quand la police arrive, la victime et les agresseurs ont disparu. Il ne reste que quelques traces de sang dans la neige. Parmi les flics, un ancien qui semble douter et surtout minimiser son témoignage. Le second est plus jeune. C’est un Métis. Il connaît le quartier. Et il croit cette femme. Mais il va devoir ruser pour arriver à mener son enquête.
A partir de ce témoignage, l’autrice, Katherena Vermette donne la parole à neuf femmes de ce quartier et un homme (le jeune flic). Neuf femmes de la communauté amérindienne au Canada qui se débattent dans leur quotidien avec leur famille, les traditions, dans une société qui les accepte si peu…
Parmi ces femmes, il y a Cheryl qui pleure sa sœur, Paulina, une mère célibataire, Phoenix, une ado mal dans sa peau et en colère, en contact avec les gangs, la grand-mère Kookom,… Parmi ces neuf femmes, plusieurs sont de la même famille. Une grande famille solitaire, qui gravite autour de Kookom, qui vieillit, qui perd un peu la tête mais qui est le socle de la famille.
Phoenix conserve en elle toutes les histoires dont elle se souvient. Elle avait l’habitude de les considérer comme de bons secrets qu’elle seule détenait. Quand elle était petite, elle croyait que si elle en avait plus de bons que de mauvais, alors tout irait bien. Maintenant qu’elle a grandi, elle sait que ce sont des conneries, mais elle continue à chérir les bons secrets.
Dans la première partie du texte, l’autrice donne la parole tour à tour à chacun d’entre eux. De façon plus ou moins chronologiques (il y a quelques « témoignages » qui se déroule sur un même laps de temps). Il y a d’abord cette agression, puis l’histoire de chacune… jusqu’à celui de la personne agressée. Je ne m’attendais pas à ça. C’est difficile à appréhender… Surtout qu’il ne faudra encore un peu patienter pour remettre la majorité des éléments en place, et encore plus pour savoir qui a pu commettre un tel acte.
A travers ce crime et ces témoignages, l’autrice libère la parole d’un peuple en crise, en difficulté pour s’intégrer dans une société qui n’a jamais voulu d’eux.
Ce quartier de North End est un des plus défavorisés de Winnipeg. L’autrice donne la voix à des femmes de plusieurs générations mettant en avant les thèmes de l’identité et de la résilience de ces femmes autochtones.
Un roman puissant, envoûtant. Chaque femme a quelque chose à nous raconter, un témoignage à apporter. Chacune apporte une pièce du puzzle. Montrant par la même occasion importance du soutien de la famille, de l’importance du lien culturel, de la solidarité.
Ce roman est fort, qui crie la détresse sociétale. Ces femmes sont brisées, fatiguées, déprimées mais elles gardent espoir pour les futures générations. Drogues, alcools, violences, misères sociales, insécurité… l’autrice, en évoquant ces thématiques, provoquent chez le lecteur une belle panoplie d’émotions fortes et aussi diverses que variées.
en brefUn roman émouvant, fort, puissant et important. 

2 réflexions sur “Les Femmes du North End de Katherena Vermette

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