Solak
Autrice : Caroline Hinault
155 p.
Librairie générale française, 2023 (Le livre de poche, 36819)

Dans ce premier roman écrit « à l’os », tout entier dans un sentiment de révolte qui en a façonné la langue, Caroline Hinault installe aux confins des territoires de l’imaginaire un huis clos glaçant, dont la tension exprimée à travers le flux de pensée du narrateur innerve les pages jusqu’à son explosion finale.

Un climat polaire, une ambiance glaçante se sont donc invités dans mes dernières lectures de l’hiver !
Tout comme dans le roman de Patrice Gain, l’autrice Caroline Hinault nous invite dans un huis clos, peut-être encore plus glaçant.
Tout comme dans le roman de Patrice Gain, l’autrice Caroline Hinault nous invite dans un huis clos, peut-être encore plus glaçant.
Nous voilà dans une base militaire où trois hommes cohabitent dans des conditions rudimentaires et difficiles. Dans leurs baraquements, ils vivent au rythme de la nuit polaire et des températures glaciales.
Tout de suite, je me suis demandé comment il allait tenir dans ce désert glacé. Je le revoyais punaisé à son câble comme un insecte sur du papier tue-mouches. D’abord il avait fallu le temps de stabiliser l’hélico, le vent de nord-est était puissant, ceux d’en haut avaient fait glisser le container en premier.
Il y a Piotr, le narrateur militaire, qui joue le rôle d’observateur et de médiateur. Il y a Grizzly, le scientifique bourru et Roq, lui aussi militaire, assez extrême dans sa façon d’être. Alors que la nuit polaire va tomber une nouvelle recrue est hélitreuillée sur place : un jeune homme pas très costaud et muet.
Sa présence et son silence vont faire monter la tension dans le quotidien de ce petit groupe. Les jours passent, les mois. Et le froid et la nuit peuvent sembler très long. La présence du gamin silencieux est pesante sur le moral. Ils ont l’impression d’être jauger, juger et comme il ne raconte rien sur sa présence ni sur son passé, le mal, le doute s’insinue peu à peu dans les pensées de chacun.
En tout cas, j’ai pensé sans le dire, ce qui est certain c’est que sur Solak, le temps on le voit mieux passer qu’ailleurs, chaque minute ressort bien nette à angle droit, pas comme chez les terriens avec leurs remparts d’activités qui leur bouchent la vue. Ici, le temps, on voit même que ça, c’est comme un troupeau de rennes dans la cour de la Centrale au printemps, on peut pas le rater.
Le roman est découpé chronologiquement. Mois après mois, Piotr nous raconte le quotidien, les accidents, les humeurs, les sorties. Il raconte une vie rude, une ville lente, pesante. On se questionne sur la personnalité de chacun.
La narration tient un rôle important. Un narrateur-témoin qui mêle récit et dialogue sans différence de ponctuation. Tout s’enchaînent donnant une impression de platitude déguisée, un effet linéaire mais vivant. Monotone mais actif… un peu comme le reflet de cette vie hors norme dans un lieu aux conditions climatiques extrêmes.
La langue est brute sans fioriture. Le récit prend une forme libre, comme si la parole du témoin du récit avait besoin de se libérer d’une traite de ces longs mois de tension, comme s’il avait besoin de se libérer d’un poids.
On ne sait pas ce qui va être révélé : plus on avance dans le récit, plus on sent que ça va exploser… mais on ne sait ni où, ni quand le drame va frapper.
On est dans un roman d’ambiance. Et on ne s’attend pas à ce dénouement. Pas du tout.
On ne sait pas ce qui va être révélé : plus on avance dans le récit, plus on sent que ça va exploser… mais on ne sait ni où, ni quand le drame va frapper.
On est dans un roman d’ambiance. Et on ne s’attend pas à ce dénouement. Pas du tout.
