Prix Audiolib/Roman

L’Eau du lac n’est jamais douce de Giulia Caminito

329047064_753584342781578_3019030035414474553_nL’Eau du lac n’est jamais douce

titre original : L’acqua del lago non è mai dolce

Autrice : Giulia Caminito
trad. de l’italien par Laura Brignon
Lu par Florine Orphelin

8h54
Audiolib, 2022
Éditions Gallmeister, 2022

ROMAN EN SÉLECTION POUR LE PRIX AUDIOLIB 2023

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résumé “Notre mère ressemble à une héroïne de bande dessinée, à Anna Magnani au cinéma, elle braille, ne capitule jamais, cloue le bec à tout le monde. Mariano et moi sommes dans le couloir qui conduit aux chambres, culottes courtes et mollets raides, et sans ciller nous fixons notre peur : ne pas être comme Antonia, ne jamais être à la hauteur, ne remporter aucune bataille.“

Antonia, une femme fière et têtue, s’occupe d’un mari handicapé et de quatre enfants. Pauvre et honnête, elle ne fait pas de compromis et croit au bien commun. Pourtant, elle inculque à sa fille le seul principe qui vaille : ne compter que sur ses propres capacités. Et sa fille apprend : à ne pas se plaindre, à lire des livres, à se défendre, toujours hors de propos, hors de la mode, hors du temps. Mais sa violence, tapie tel un serpent, ne cesse de grandir.

Nous sommes en l’an 2000, les grandes batailles politiques et civiles n’existent plus, seul compte le combat pour affirmer sa place dans le monde.

 

cequejenaipenséNouvelle audiolecture dans le cadre de la sélection du Prix Audiolib 2023. 

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en commençant cette écoute. Je n’ai volontairement pas voulu lire le résumé.

Nous sommes en l’an 2000 et nous faisons la connaissance de Gaia. C’est elle qui va nous raconter sa vie, et plus particulièrement sa mère. Antonia. Une mama italienne au caractère fort, aux règles de vie strictes qui veut inculquer à ses enfants respect et droiture. C’est une femme fière, obstinée. En même temps, elle n’a pas vraiment le choix. Elle doit s’occuper seule du foyer, de ses quatre enfants et de son mari handicapé suite à un accident de travail.

Ils n’ont pas beaucoup de moyens. Avec un seul salaire, le moindre sous dépensé est soumis à réflexion. Antonia croit au vivre ensemble, au respect d’autrui. Mais elle sait aussi qu’on ne construire son avenir qu’en fonction de ses capacités. C’est ce qu’elle a appris à Gaia. Habitant dans une petite ville, Gaia continue ses études en ville. En grandissant, elle est de plus en plus consciente de leur pauvreté, de leur statut social. Cette prise de conscience va entraîner chez elle une envie d’avancer, d’un futur autre que celui de sa mère qui subit chaque jour. Alors elle apprend, dévore les livres. Elle se fait peu d’amis, juste le minimum pour rester en contact avec la société. Mais ces amitiés et ses amours, amènent aussi son lot de déception et de trahison. Elle est en décalage par rapport à eux. Et ce décalage va nourrir une forme de colère, une forme de violence en elle. Une colère qui ne peut qu’éclater un jour.

C’est l’été 2001, j’ai fini le collège, j’ai laissé derrière moi la prof de maths qui aime nous affubler de noms de sorcières,… Je n’ai pas conscience de ce qui se passe dans le monde, je vis dans les limbes entre mes échecs et mes revanches imprévisibles.

Si on ne peut qu’admirer l’abnégation d’Antonia et son caractère droit, on reconnait ce même déterminisme chez Gaia, mais qui sert un autre but : se sortir de son rang social. Mais si on reconnait cette combativité, il est cependant difficile de s’attacher à cette adolescente. On connait ses réflexions, ses remarques désobligeantes envers ses proches, on ressent sa colère, son antipathie, sa jalousie, sa honte, son désir de revanche sur la vie.
On sait que son début de vie n’a pas été des plus tendre avec elle. On comprend ce qu’elle ressent, ce qu’elle désire.  Mais on la trouve souvent ingrate, injuste… même s’il s’agit d’une forme de protection.

Ma seule, mon unique mission est d’éviter les mauvaises notes, de réviser dans le train et, l’après-midi, de montrer à ma mère que je fais ce qui est bon pour moi, éviter qu’elle soit convoquée au collège, parce que sinon elle devrait expliquer pourquoi elle s’y rend seule et puis elle devrait expliquer quel travail elle fait et puis elle devrait expliquer d’où nous venons, et moi toutes ces explications je ne veux pas les donner.

Giulia Caminito, l’autrice, nous livre ici un roman d’apprentissage : on suit Gaia de son enfance jusqu’à son entrée dans le monde des adultes. Ses relations, sa famille, ses études, ses observations, le milieu où elle vit,  la nourrissent, la font grandir, devenir adulte.

Si j’ai eu un peu de mal à m’attacher à elle, j’ai apprécié cette chronique sociétale. L’ambiance du roman, les relations entre les personnages, les humeurs de Gaia ont fait écho à une autre œuvre italienne, celle d’Elana Ferrante. Je n’ai pas lu ses romans mais j’ai vu les premières saisons de l’adaptation de L’Amie prodigieuse. L’époque n’est pas la même mais j’ai trouvé qu’il se dégageait cette même ambiance pesante, ce même besoin d’évolution sociale.

L’écriture de Giulia Caminito est descriptive aussi bien pour le décor que pour la palette des ressentis du personnage principal. Il y a quelque chose qui nous accroche à ce récit. La personnalité de Gaia nous rend curieux de son avenir.

Pour cette version audiolib, j’ai retrouvé avec grand plaisir la voix de Florine Orphelin dont j’avais beaucoup le travail sur la série Le Mystère Soline de Marie-Bernadette Dupuy. J’ai retrouvé la douceur et la force qui se dégage de son interprétation. Et je ne doute pas que son jeu à aider à me faire apprécier un minimum le personnage de Gaia, à la rendre plus « humaine » d’une certaine façon. Elle a donné de la couleur supplémentaire au récit de l’autrice.

 

en bref

Un roman d’apprentissage d’une adolescente italienne dans les années 2000. Un récit intéressant à suivre, une héroïne ambitieuse mais en colère, qui cherche sa place dans la société.

Merci à Netgalley et à Audiolib pour cette écoute.

 

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