Roman policier / Thriller

Le Cercle des mensonges de Céline Denjean

couv33167050Le Cercle des mensonges

Autrice : Céline Denjean

664 p.

Pocket, 2022

résumé « À quel moment fatidique ma vie a-t-elle quitté son orbite ? Qu’aurait-il fallu que je fasse ou ne fasse point pour éviter d’avoir aujourd’hui du sang séché incrusté le long de mes cuticules ? » Un meurtrier aux abois, pris dans une spirale infernale… Une agente d’entretien, obligée de prendre la fuite après avoir été témoin d’un meurtre…Un étudiant sans histoires tombé du toit d’un immeuble en construction… Une femme bien sous tous rapports retrouvée assassinée dans une forêt près de Toulouse… Et si tous ces événements étaient reliés ? S’ils formaient les éléments d’une gigantesque toile ? Le lieutenant de police Urbain Malot, dit le Zèbre, et la gendarme Éloïse Bouquet, enquêtent chacun de leur côté, tirant, sans le savoir, les fils d’une même pelote.

çacommencepar Assis devant la grande baie vitrée, je fixe les flocons de neige qui tourbillonnent dans un silence ouaté, hypnotisé par cette danse de larmiches blanches qui duvettent mon gazon. J’aime la neige, je l’ai toujours aimée. Elle fait silence et pureté. Elle tait la cacophonie de notre monde agité, jugulant de sa chape les hurlements du dehors… et du dedans, aussi. elle couvre les imperfections à perte de vue, et son suaire de nacre semble vouloir laver la Terre de ses pêchés. Avec elle, tout est beau, doux, soyeux.

cequejenaipensé J’ai découvert Céline Denjean avec son roman Le Cheptel, il y a deux ans. Une lecture qui reste gravé dans ma mémoire tellement elle m’a chamboulé, tellement ce roman est marquant. J’avais retrouvé avec beaucoup de plaisir sa plume et son héroïne Eloïse dans Double Amnésie. Et c’est à nouveau le cas avec ce Cercle des mensonges que je n’ai pas pu lâcher… 664 pages avalées en une journée. C’est très rare. Mais je ne pouvais pas le lâcher. 
Dans ce roman, on retrouve donc Eloïse, un peu plus de trois ans après le drame du Cheptel. Elle retrouve sa brigade de gendarmerie à Toulouse mais son équipe a continué sans elle. Certains sont partis et la nouvelle équipe doit apprendre à se connaître et à se faire confiance. Alors qu’elle recontacte son « amie » journaliste Amanda pour qu’elles continuent ensemble à rechercher, en sous-marin, la personne derrière l’affaire du cheptel (j’essaie d’anonymiser au max histoire de pas spoiler !), Éloïse et son équipe sont appelé sur les lieux d’un crime : une jeune femme vient d’être retrouvée, assassinée, dans un bois. Crime crapuleux ? Agression sexuelle ? Les premiers éléments montrent rapidement que la victime avait une relation extraconjugale… Mais l’instinct d’Éloïse la pousse à chercher plus loin. Quelque chose en elle sait que l’affaire est plus complexe qu’elle n’en a l’air. et elle ne sait pas à quel point !
En parallèle, la police de Toulouse est en charge de deux affaires, qui ont eu lieu à quelques rues d’intervalles. La première affaire semble être un suicide. Celui d’un jeune homme, neveu du ministre des Finances, qui était porté disparu depuis quelques jours. La seconde affaire : le meurtre d’une femme de ménage, dans une petite ruelle. Coïncidence ? Pour Urbain Malot, alias le Zèbre, rien n’est moins sûr. Surtout qu’une enquête est amené à déployer plus de moyen que pour l’autre, ce qui le désole.
Plus on s’enfonce au cœur de ces deux enquêtes menés en parallèle, plus le lecteur peut sentir le lien qui se dessine peu à peu entre les deux. Chaque équipe, sans le savoir à une partie de l’énigme, qui ne pourra que s’éclairer, s’élucider à la lumière de l’autre.
Les deux enquêtes sont complexes, tordues, menant dans les vices de l’humanité, dans l’esprit tordu de personnes se pensant au-dessus des lois juridiques mais aussi des lois de l’humanité.
La construction du roman se présente au départ comme si on avait deux romans imbriqués l’un dans l’autre. Deux enquêtes, deux enquêteurs emblématiques et charismatiques. Il me tardait qu’ils se rencontrent. de savoir comment Céline Denjean allaient les faire interagir. L’un étant policier, l’autre gendarme… la communication entre les deux pôles n’allaient pas forcément être évidentes, ni aller de soi. Mais c’était sans compter le machiavélisme littéraire de Céline Denjean !
L’alchimie entre ces deux-là est sans équivoque et j’espère bien qu’on aura l’occasion de les revoir travailler ensemble car vraiment il y a de quoi faire avec eux encore, j’en suis sûre !
En ce qui concerne l’intrigue, elle a de nombreuses ramifications. Deux enquêtes, de nombreux intervenants, des fausses pistes, des pistes sociologiques, scientifiques… On sait, nous lecteurs, qu’il va forcément avoir un lien entre les deux enquêtes (et je me suis même demandé à un moment donné s’il allait y avoir un lien avec l’enquête sous-marine d’Éloïse et Amanda… je vous laisse juger). J’ai émis mille et une hypothèses, j’ai trouvé le bon raisonnement mais pas la bonne cause/finalité. Je suis toujours époustouflée par l’imagination des auteurs de roman noir comme celui-ci : ils sont capables d’analyser la noirceur de l’âme humaine, les problématiques de la société, de proposer une intrigue qui parfois semble prendre les devants de l’actualité.
J’aurai tellement de chose à dire sur l’intrigue, sur les personnages, sur les différentes thématiques abordés (qui font parfois froid – très très froid – dans le dos) mais ce serait vous divulgâcher le roman.
Alors foncez vous procurer ce roman si vous avez déjà lu les précédents. Si ce n’est pas le cas, je vous conseille de le lire dans l’ordre quand même. C’est mieux. et moi, je vais profiter que la première enquête d’Éloïse, La Fille de Kali, soit enfin sorti en poche pour l’ajouter dans ma PAL et la lire très vite !
 
en bref Ouvrir un roman de Céline Denjean, c’est ne plus pouvoir le lâcher avant d’avoir le fin mot de l’histoire. Un roman captivant, terrible, perturbant et excellentissime !
 
 

 

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