Martin Eden
Auteur : Jack London
trad. de l’américain par Francis Kerline
lu par Denis Podalydès
439 p. / 13h21
Editions Phébus, 2001
Martin Eden, le plus autobiographique des romans de Jack London, est le récit d’un écrivain né dans les bas-fonds, homme de rien basculé dans la bourgeoisie qui croit tenir sa revanche sur la vie… C’est aussi la rencontre d’un homme et d’une femme ; l’occasion enfin de découvrir le vrai visage de Jack London, une personnalité rare à la source de notre modernité. Son œuvre, dont Martin Eden est le point d’orgue, a fasciné des millions de lecteurs.
Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas lu de Jack London. Comme la majorité de lecteurs, j’ai été passionné par L’appel de la forêt et Croc Blanc, qui sont pour moi des incontournables. Il y a quelques mois, lors du mon club de lectures mensuel, une amie m’a fait découvrir que je ne connaissais pas du tout. Mais son avis enthousiaste m’avait donné envie d’y jeter un œil un jour. Et puis, cette sélection pour le prix Audiolib 2019 m’en a donné l’occasion plus vite que prévu et j’en suis ravie.
Sur les rayons des bibliothèques je vis un monde surgir de l’horizon.
– Vous n’aimez pas les magazines ? hasarda Martin.
– Vous oui ? rétorqua l’autre, soudain hostile.
– Je… j’écris ou, plutôt, j’essaie d’écrire pour les magazines.
– Je préfère ça, répondit Brissenden, radouci. Vous essayez d’écrire, mais vous n’avez pas de succès. Je respecte et admire vos échecs. Je sais ce que vous écrivez. Je le devine les yeux fermés. Il y a un ingrédient qui vous ferme la porte des magazines : la tripe. Les magazines ne savent que faire de cet organe. Ce qu’ils veulent, c’est du pipi de chat et ils en sont bien arrosés, mais pas par vous.
– Je ne crache pas sur la littérature alimentaire.
– Au contraire…
Brissenden embrassa d’un regard sans vergogne les signes apparents de la pauvreté de Martin, passant de sa cravate défraîchie et de son col râpé aux manches lustrées de son paletot d’où dépassaient des manchettes élimées, avant de s’attarder sur ses joues hâves.
– Au contraire, c’est la littérature alimentaire qui vous crache dessus et vous ne savez pas comment l’amadouer. Avouez, l’ami, vous vous sentiriez insulté si je vous invitais à manger un morceau, pas vrai ?
Un roman autobiographique prenant, marquant.
Mon roman préféré de Jack London. Bouleversant dans sa fin tragique, il m’a vraiment pris aux tripes !