Belfond, 2019

Cette question, Éric de la Boissière se la pose tous les jours. Sa fille, Élodie, est atteinte d’une grave maladie rénale. Du fait de son groupe sanguin, ses chances de recevoir une greffe sont quasi nulles. Mais avec beaucoup d’argent… Élodie doit pouvoir être soignée, pense Éric. Dirigeant d’un établissement financier, il a entendu parler de réseaux parallèles permettant d’obtenir un organe sain de donneurs volontaires.Que sommes-nous prêts à sacrifier pour sauver nos proches ?
Cette question, Gilles Patrick ne se l’était jamais posée. Mais depuis quelques semaines, ce grand chirurgien ne dort plus. Tandis qu’un revolver est braqué sur la tempe de son épouse et de sa fille, un groupe d’hommes le contraint à pratiquer de lourdes opérations sur de jeunes patients pourtant en pleine santé.
Les circonstances ont beau être différentes, la raison qui a fait basculer ces deux hommes dans un autre monde est la même. Et si la volonté de sauver un proche n’était pas une raison suffisante ? D’une noirceur abyssale, le nouveau roman de Christian Blanchard explore les âmes compromises et pousse ses personnages, comme le lecteur, dans leurs pires retranchements.


Ici, il n’y a pas un personnage principal car ils sont tous importants pour mener l’intrigue, pour nous toucher. Mais tout tourne autour de deux hommes qui ont un point commun : vouloir tout faire pour sauver leur famille. D’un côté, il y a Eric de la Boissière. Sa fille a un besoin urgent d’une greffe de rein car elle s’affaiblit de jour en jour et ne supporte plus les dialyses. Eric est prêt à passer au-delà de la loi pour la sauver.
De l’autre côté, il y a Gilles Patrick, chirurgien. En pleine nuit, il est réveillé par des hommes cagoulés et armés. Il doit les suivre et leur obéir ou sa femme et sa fille seront éliminées. Il suit évidemment, et se voit contraint de participer à des opérations sur de jeunes patients non consentants…
De l’autre côté, il y a Gilles Patrick, chirurgien. En pleine nuit, il est réveillé par des hommes cagoulés et armés. Il doit les suivre et leur obéir ou sa femme et sa fille seront éliminées. Il suit évidemment, et se voit contraint de participer à des opérations sur de jeunes patients non consentants…
Et entre les deux, il y a Aïcha, 14 ans, seule survivante d’un container empli de migrants en provenance de Libye. Elle suivra la mauvaise personne… Il y a aussi Diarra et Sayib, deux amputés-malgré-eux et forcés de faire la manche. Et puis, il y a Némo, un vieil homme usé et brisé par la vie, vivant dans une vieille voiture dans un lieu délaissé de la gare de Brest qui va venir en aide à une autre âme brisée, Muette.
L’histoire des uns va peu à peu se tisser avec celles des autres. Elles se font échos, se répondent, se complètent. L’horreur grandit au fil des pages. La gorge se noue face à la réalité décrite ici : celle des trafics d’organes et de la cupidité de l’homme.
Les mots perturbent, bousculent et ils sont là pour ça. Le roman est terrible mais important. Car il montre une facette de notre monde (et l’auteur cite en fin d’ouvrages certaines de ses références). Le livre est dur c’est vrai mais il a aussi une part de lumière, d’espoir avec une bonne partie des personnages cités plus haut. Le lecteur aura forcément de l’empathie pour certains d’entre eux, de la haine et du dégoût pour d’autres. On en peut rester insensible aux émotions que dégagent cette histoire.
La force du roman réside également dans la construction de la temporalité du scénario. On navigue entre les personnages mais aussi en deux temps différents : l’automne et l’hiver. Les choses s’emboîtent au fur et à mesure tel un puzzle ajusté au millimètre près.

J’ai adoré ce roman fort et déstabilisant à la fois
Je suis tombée dessus et bien sûr j’ai lu les avis qui rejoignent beaucoup le tien. En temps normal j’aurais sauté dessus, mais encore prête à lire un roman aussi dur. Mais il est mis de côté dans la liste à lire.