Roman

La Mer qui prend l’homme de Christian Blanchard

La Mer qui prend l’homme

Auteur : Christian Blanchard

313 p.

Belfond, 2018

résuméEntre la guerre d’Afghanistan et l’atlantique nord, un page-turner qui vous plonge dans la tempête des âmes et une mer rouge sang. Au large des côtes du Finistère, un chalutier à la dérive est localisé. Lors de l’opération de sauvetage, une femme est retrouvée dans une remise, prostrée, terrorisée et amnésique. Le reste de l’équipage a disparu. Parmi eux se trouvaient trois anciens militaires français.
Xavier Kerlic, Franck Lecostumer et Paul Brive avaient embarqué sur le Doux Frimaire à Concarneau, encadrés par le lieutenant Emily Garcia, des services sociaux de la Défense. Celle-ci devait expérimenter avec eux une méthode de lutte contre le stress post-traumatique en les insérant dans un groupe d’hommes soudés par de rudes conditions de travail – les marins du Doux Frimaire.  » Je ne le sens pas, ce coup.
Qu’est-ce qu’on vient faire dans cette galère ?  » avait lancé Franck en montant à bord, avant que le chalutier ne lève l’ancre en direction de la mer d’Irlande et ne disparaisse des radars…
Localisation du chalutier confirmée. Un porte-conteneurs avait dû manœuvrer pour éviter la collision. Le navire de ^pêche était en difficulté. Une évidence. Pas d’écume à l’arrière ni de fumée sortant de la cheminée.
cequejenaipenséJ’ai découvert l’auteur en début d’année avec Iboga qui m’avait énormément plu. J’ai donc été ravie d’apprendre la parution de ce nouveau titre.
J’ai refermé ce livre, un peu sous le choc, comme si j’avais bu la tasse.
Un chalutier vient d’être retrouvé non loin des côtes bretonnes. Il est vide. Ou presque. Il y a du sang partout. Quel drame a-t-il bien pu se jouer à bord ?
Quelques temps plus tôt…
Une expérience psychologique va être menée afin d’aider d’anciens soldats revenus d’Afghanistan et souffrant de SPT, stress post-traumatique. Trois hommes seront les « cobayes ». Xavier Kerlic, Franck Lecostumer et Paul Brive. Infirmier, aumônier, soldat… ces hommes se sont côtoyés sur le terrain. Et chacun est traumatisé à un degré différent. Le Lieutenant Emily Garcia est en charge de cette expérience qui aura lieu en pleine mer sur un chalutier.
Il y aurait dû y en avoir un quatrième mais il vient de mourir dans l’incendie de sa maison. Suicide ? Pas si sûr. Saadia Aleph, envoyée comme experte par une compagnie d’assurance, sent quelque chose de pas normal. Elle va mener l’enquête à sa façon.
Christian Blanchard recrée, tout comme dans Iboga, une atmosphère de huis-clos sur ce chalutier. Dès qu’on se retrouve à bord, on ressent comme une atmosphère oppressante, La promiscuité va émousser les sentiments, les ressentis. L’auteur alterne avec leur vie en Afghanistan, six ans auparavant. Comment ils se sont rencontrés. Comment leur relation a évolué. Ce qu’il s’est passé là-bas et qui les relie à la situation présente.
Rebondissement, introspection, révélation… l’auteur ne cesse de nous surprendre avec ce récit tendu. On tourne les pages à l’affût du moindre éclaircissement, du moindre indice pour nous éclairer sur ce qui a bien pu mal tourné pour arriver à la situation décrite dans les premières pages du roman. Tout ce sang. Ce bateau vide. Ou presque. Qui a survécu? Où sont les autres? Pourquoi ? Comment ?
Violence. Folie. Secret. Ce sont les maîtres mots de ce thriller mené avec beaucoup de talent.
L’auteur nous plonge au cœur de cette problématique des effets de la guerre sur les soldats. Sur la gestion du stress, des horreurs, vues, vécues. On comprend. On excuse. On réprouve. On ne reste pas indifférent. Empathie. Antipathie.  Les sentiments évoluent au fil des pages. Au fil de ce qu’ils ont vécus en Afghanistan. Au fil de ce qu’ils vont vivre sur ce chalutier.
L’écriture est rapide, saccadée. L’intrigue est prenante. J’avais du mal à lâcher mon livre. A lâcher les personnages. Je voulais connaître le fin mot de l’histoire.
Comprendre. Appréhender. Excuser ou pas.
L’auteur, dans sa gentille dédicace que j’ai découvert en réceptionnant le roman, espère que cette lecture ne me donnera pas la mal de mer… même assise dans mon fauteuil! Et il est vrai que j’ai bien ressenti les ressacs, les creux des vagues, les embruns quand j’étais à bord de ce navire de mots !
en brefUn voyage sans retour à bord du chalutier le Doux Frimaire des côtes du Finistère aux îles Féroé, en passant par l’Afghanistan… Oppressant, angoissant, dur mais tellement prenant! à lire !

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