Falalalala

Autrice : Emilie Chazerand

412 p.
Sarbacane, 2019 (Exprim’)

Chez les Tannenbaum, on est petit. Trois générations d’achondroplases, soit sept naines gèrent Tannenland, le paradis des êtres miniatures. Deuxième curiosité alsacienne après la cathédrale de Strasbourg, cette famille n’a rien d’ordinaire. Sauf peut-être Richard, 19 ans, le seul garçon de la tribu. Le seul grand, aussi…

Un cerveau humain pèse environ 1.5 kg et engendre approximativement 7 263 872 milliards de questions par an.
Dès que ce petit organe rose et spongieux sort de sa période de rodage pour fonctionner à plein régime, nous nous mettons à entailler, déchiqueter et décortiquer infatigablement notre paisible quotidien avec les petits scalpels tranchants de nos existentielles et souvent stériles interrogations.

Deck the halls with boughs of holly
Fa-la-la-la-la, la-la-la-la
Th’is the season to be jolly
Fa-la-la-la-la, la-la-la-la

Préparez-vous à rire presque à chaque page! Falalalala est une bombe d’humour, de bonne humeur et aussi d’amour!

Tout le monde sur Terre a des rêves de grandeur…excepté Richard Tannenbaum.
Le voilà, son conte personnel. Et complet.
Est-ce-qu’il est censé raconter tout ça au groupe, dès la première réunion ?!
Hmmmm.
Il peut au moins essayer.
Il se tortille un moment, inspire, démarre comme une vieille voiture. Et se lance :
– Alors, euh… Il était une fois moi, qui vis avec sept naines.

Plus succinct, il ne pouvait pas faire.

La famille Tannenbaum a une particularité. La majorité d’entre eux sont achondroplases. Depuis trois générations. Une famille de nains ou presque. Elles sont 7 naines et un géant : Richard, 19 ans, le seul garçon de la tribu. Cette famille a fait de sa particularité un vrai business, une véritable tradition. Ils habitent tous ensemble dans un petit village alsacien, où chaque année des centaines de visiteurs se pressent. Leurs spécialités culinaires (j’aurai bien aimé la recette secrète des Bredele en fin d’ouvrages moi! c’est pas sympa de nous faire saliver comme ça!!) et artistiques sont un vrais succès.

Richard l’homme de la maison, celui qui est ordinaire, se sent parfois à part dans un famille d’original. Il les aime mais il y a quelque chose qui ne va plus.

Lulu, 16 ans, a soudain le cœur qui flanche. La peur de mourir va déclencher chez elle une envie de vivre des choses différentes, ou du moins vivre certaines choses avant de mourir. Elle rédige ainsi une liste à cette intention! Une liste à son image : explosive et surprenante !

Eh bien, Lulu en a assez. Elle veut bien être une naine, mais elle refuse de penser petit, rêver petit, aimer petit, bien à l’abri dans le terrier fait sur mesure pour les créatures comme elle ! Elle a lu tous les livres possibles et estime venu le temps de vivre son aventure à elle. Elle veut avoir mal, avoir peur, avoir faim, avoir envie. Elle veut ressentir des choses essentielles, importantes, majeures. Et si la prochaine étape est de mourir, soit. OK. Faisons ça. Mais c’est décidé : elle mourra grandement.

Ce cœur malade va provoquer toute une série de chamboulement dans la vie de tous les Tannenbaum. L’effet papillon…

Deck the halls with boughs of holly
Fa-la-la-la-la, la-la-la-la
Th’is the season to be jolly
Fa-la-la-la-la, la-la-la-la

(ne me remerciez pas de vous mettre cet air festif dans la tête! C’est un plaisir! 🙂 )

Cette famille hors-norme m’a capturé le cœur. Elle m’a étonné, m’a ému, m’a fait rire… beaucoup ! Vous aussi je suis sûre que vous allez l’adorer et vouloir être adopté!

Tout comme dans La Fourmi rouge, j’ai retrouvé l’écriture unique d’Emilie Chazerand. Sa verve est riche, prolixe, rapide. On retrouve son humour jusque dans les notes de bas de page. J’ai eu le sourire collée aux lèvres du premier au dernier mot (ou presque)! C’est un roman plus d’humanité, de belles personnes. Falalalala est à la fois poilant et émouvant. Car par le rire et l’humour, l’autrice fait passer de très beaux messages et de belles réflexions sur la vie en général.