Roman "jeunes adultes"

Cœur battant d’Axl Cendres

Cœur battant

Autrice :  Axl Cendres

188 p.

Sarbacane, 2019 (Exprim’)

résumé Alex, 17 ans, est un « hors-la vie ». Après avoir essayé d éteindre son cœur, il se retrouve dans une clinique pour y être «réhabilité à la vie». Il y rencontre Alice, aussi belle que cynique ; Victor, aussi obèse que candide ; la vieille Colette, aussi espiègle qu’élégante ; et Jacopo, aussi riche que grincheux. À eux cinq, ils décident de s’évader de la clinique, direction le manoir de Jacopo. Le but du voyage? Se jeter d’une falaise, tous ensemble ça leur fera un projet commun ! Mais la route va leur réserver plusieurs surprises. Assez pour qu’Alex se demande si, finalement, la vie n’en vaut pas la douleur…

çacommencepar Dans une pièce qui ressemblait à une salle de classe, nous étions cinq à être assis derrière de petites tables formant un cercle.
Blouse blanche et barbe grise, celui que tout le monde appelait le Doc, le psychiatre qui animait la séance, a joint les mains avec un sourire joyeux.

« Bien! » il a dit. « Comme nous avons un petit nouveau parmi nous, et pour le mettre à l’aise, chacun va rappeler son prénom et la façon dont il a essayé de se suicider. »

 

cequejenaipensé C’est avec un pincement au cœur que j’ai commencé le dernier roman d’Axl Cendres qui nous a quitté il y a quelques mois. Je n’avais pas lu le résumé. J’ai fait simplement confiance à l’autrice et à la collection Exprim’.

Et pourquoi voulais-tu mourir ? »
« Parce que je n’aime pas le concept de la vie. »
« Tu peux préciser ? »
« On est programmés pour aimer les gens, et les gens sont programmés pour mourir. »

Cœur battant aborde un thème difficile et sombre, le suicide, mais l’aborde de façon lumineuse, avec une bonne dose d’humour noir, de lucidité et beaucoup de tendresse.

 » Les souvenirs, c’est comme les dents de lait : ça finit toujours par vous quitter, en vous laissant un sourire troué… »
Notre tragédienne était toujours là.
« La différence « , elle a ajouté,  » c’est qu’aucun souvenir ne repousse à la place de celui qu’on a perdu. Et à force d’avoir des trous dans son sourire, on ne sourit plus. »

 Nous sommes dans un centre psychiatrique où les suicidants, personnes ayant « ratés » leur suicide, se retrouve pour être accompagné et soigné (et où ils côtoient des alcooliques, des anorexiques,…). Chaque personnage a connu un drame qui les a conduit à ce geste qui a failli leur coûter la vie. Ils sont réunis dans leur dépression. Les soignants semblent être complètement en décalage avec leurs patients, surtout celui qui mène les thérapies de groupe! Ils sont cinq d’âges différents mais ils ont tous en commun leur ras le bol de la vie et leur dépression. Et même s’ils sont très différents leur but reste le même et c’est ce qui va les rapprocher. Un weekend où ils ont quartier libre, ils partent en vadrouille. Ce sera le weekend parfait pour faire le grand saut tous ensemble.

Un enfant, ça se croit à l’abri du noir grâce à un ours en peluche; et la fin de l’enfance, c’est comprendre que rien, absolument rien, ne vous protège du noir.

Ces cinq là sont terriblement touchants et émouvants. Ce qu’ils ont vécu et comment ça les a bousillés de l’intérieur. Les complexes, les deuils, les harcèlements… ils ont tous vécus des choses qui nous parleront, qui réveilleront des souvenirs en nous. On pourra se reconnaître en chacun d’eux. J’ai aimé l’ironie morbide et l’humour noir qu’il existe dans chaque situation, dans beaucoup de dialogues. J’ai adoré les réparties incisives et cyniques d’Alice et Colette, des phrases qui provoquent par leur véracité et leur finesse. Axl Cendres a su me faire rire avec un sujet pourtant bien difficile. C’était une magicienne des mots et des situations. Tout comme avec Dysfonctionnelle, elle a su provoquer en moi des émotions très riches.

« Toi », elle a dit à Victor avec beaucoup de douceur, « tu n’es pas con mais candide ; or la candeur est à la vie ce qu’est la confiture à la tartine rassie : elle la rend moins dégueulasse. »

Un livre sur un thème complexe mais qui déborde d’énergie, d’humour noir et de vie !

C’est de la vie que j’ai peur. La mort, je ne la connais pas, – en revanche je connais la vie, je sais de quoi elle est capable. Et c’est terrifiant.

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