S’inspirant de l’histoire des lycéennes enlevées par Boko Haram en 2014, l’auteure irlandaise se glisse dans la peau d’une adolescente nigériane. Depuis l’irruption d’hommes en armes dans l’enceinte de l’école, on vit avec elle, comme en apnée, le rapt, la traversée de la jungle en camion, l’arrivée dans le camp, les mauvais traitements, et son mariage forcé à un djihadiste – avec pour corollaires le désarroi, la faim, la solitude et la terreur.
Le plus difficile commence pourtant quand la protagoniste de ce monologue halluciné parvient à s’évader, avec l’enfant qu’elle a eue en captivité. Celle qui, à sa toute petite fille, fera un soir dans la forêt un aveu déchirant – « Je ne suis pas assez grande pour être ta mère » – finira bien, après des jours de marche, par retrouver les siens. Et comprendre que rien ne sera jamais plus comme avant : dans leur regard, elle est devenue une « femme du bush », coupable d’avoir souillé le sang de la communauté.

Une jeune lycéenne est elle aussi enlevée avec ses camarades par des intégristes. Avec ce point de départ posé, le lecteur est prêt à vivre le pire à ses côtés. D’abord, la peur de l’enlèvement et de ce qu’elle va devoir affronter, la violence physique, psychologique, la manipulation religieuse… Les mois passent, l’espoir cèdent la place à une angoisse de ne pas survivre, à la peur du lendemain. Mais cette situation évolue quand elle est offerte à un combattant, puis une nouvelle fois quand elle arrive à fuir, mais pas seule car elle a eu un enfant avec cet homme.
L’espoir de retrouver les siens… et si le pire n’était pas derrière elle… et si son retour tant désiré n’était pas providentiel pour sa famille, et si on voyait en elle désormais une ennemie…

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