L’Étonnante Famille Appenzell

Auteur : Sébastien Perez
Illustrateur : Benjamin Lacombe

80 p.

Editions Margot, 2020

Ma grand-mère se nommait Eugénie. Eugénie Appenzell.
D’elle, je tiens mes longs cheveux bouclés et, dit-on, mon caractère bien trempé.
Peu de jours avant ma naissance, grand-mère Eugénie quitta les siens.
En héritage, elle me laissa une boîte remplie de photographies et de lettres.
« Pour que tu connaisses ta famille », m’avait-elle écrit.
Durant des années, j’ai démêlé les liens et les intrigues qui unissent
ces personnes extraordinaires. J’ai pleuré et j’ai ri…
Aujourd’hui, je vous livre leur histoire.
Mon histoire.
Celle de l’étonnante famille
Appenzell.
Victoria Appenzell

Sébastien Perez et Benjamin Lacombe ont réuni leurs talents de conteurs poétiques dans ce magnifique ouvrage. Un beau livre en simili cuir, avec dorure et gaufrage. rien que l’objet en lui-même donne envie d’aller jeter un œil à l’intérieur.

Victoria Appenzell n’a jamais connu sa grand-mère Eugénie. Pourtant, celle-ci, a tenu à lui offrir un coffret rempli de lettres et de photographies de ces ancêtres. Pour qu’elle apprenne à les connaitre. Pour qu’elle apprenne à connaitre ses origines.

Car sa famille n’est pas comme les autres. C’est une famille de monstres. Tous sont nés avec des particularités physiques. Ils ont été moqué, montré du doigt, mis à l’écart. Les gens en ont eu peur, en pu en faire, selon les époques, des objets de curiosités. Au fil des pages, on fait à notre tour leur connaissance. Dans un petit texte, on nous raconte leur personnalité, leur peine, leur joie, leur vie. Seules les photos sont les témoins de leurs particularités physiques. On découvre alors des personnes, des enfants, des adultes qui ont eu une vie différente à cause du regard des autres, qui n’étaient monstrueux que par le regard des autres. Car on découvre des personnes aux émotions, aux sentiments, aux réactions tout à fait humaines.

Alors qu’est-ce que la réelle monstruosité? est-ce vraiment celle que l’on croit ? Celle qui se voit? Est-elle liée au physique ou plutôt à l’attitude et au comportement ? Et c’est bien ici le thème proposé par ce magnifique album. Un thème profond, riche en réflexion et en leçon à tirer.

Les illustrations de Benjamin Lacombe sont, comme toujours, magnifiques. Il y a le soucis du détail, la poésie et la douceur qu’on lui connaît bien. Ici, pour donner cette impression de photos vieillies, de daguerréotypes, ces photos aux tons sépias, un peu abîmées, il a utilisé de la gouache, du fusain et de la pierre noire sur papier. Pour les illustrations plus « contemporaines » et colorées, gouache, huile, encre et aquarelle se sont invités dans son travail. J’aime beaucoup e côté sfumato de ces illustrations, une façon de retranscrire une certaine douceur, la délicatesse de l’histoire de cette famille atypique.

Côté écriture, on imagine sans peine le travail qu’il a fallu pour constituer cette famille fictive, une généalogie qui se tient dans le temps et l’Histoire.

Je pense que comme moi ces illustrations vous feront penser à celles de la saga Miss Peregrine de Ransom Riggs, qui s’est servi de vieilles photographies chinées ici et là, représentant des personnes « différentes », des atmosphères particuliers, pour construire sa saga à succès et qui évoque aussi de la même manière ce thème de la monstruosité. Si vous avez aimé cette saga cet album est fait pour vous 😉