Le Chant de la rivière
titre original : The River Home
Autrice : Hannah Richell
trad. de l’anglais par Florence Hertz
395 p.
Belfond, 2021 (Le Cercle)

Pourquoi une telle urgence ? Lucy ne peut-elle jamais rien faire comme tout le monde?
Tandis qu’Eve, l’aînée, décide de tromper son agacement et ses problèmes en s’investissant dans les préparatifs, Margot, la cadette, s’inquiète : elle, qui a rompu tous liens des années plus tôt, redoute ce séjour dans la maison de famille chargée de souvenirs douloureux, et la confrontation inévitable avec sa mère, cette grande romancière à l’inspiration tarie depuis longtemps.
Mais Margot n’est pas la seule à vouloir tenir le passé à distance. Car s’il est un trait que partagent les Sorrell, mère et filles, c’est le goût du secret. Et ces jours de fête pourraient se transformer en catharsis familiale…


C’est une leçon chèrement acquise qu’elle n’oubliera jamais : même les meilleurs fruits tombent et pourrissent, et on a beau enterrer le mal le plus profondément possible, les ossements restent et finissent toujours par revenir pour vous poursuivre, comme l’odeur écœurante des pommes, comme les sons d’une nuit d’été, comme la rivière que rien jamais n’arrête.
On retrouve à peu près la même trame dans son nouveau roman Le Chant de la rivière qui m’a autant plu et ému que le précédent.
Le roman commence de façon assez légère. La cadette des sœurs Sorrell, Lucy, a décidé de se marier sur un coup de tête et le mariage est prévu pour la semaine suivante ! La sœur aînée, Eve, prend les choses en main et Margot la plus jeune revient pour l’occasion dans la maison familiale après une absence de huit ans. Dès lors, on comprend qu’une rancœur plane entre la mère et la fille, que les sœurs ont envie de renouer mais qu’il y a un obstacle, une incompréhension qui empêche le retour à une relation naturelle, complice. On fait également la connaissance de Kit, leur mère autrice et très fantasque, qui a toujours vécu dans sa bulle, au rythme de son écriture qui était prioritaire pour elle. Et le lecteur se dit que ce ne sera pas une comédie légère autour du mariage (en même temps en ayant lu le précédent roman on s’en doute aussi). Très vite, les questions se posent : pourquoi une telle urgence pour ce mariage ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer tant d’années auparavant pour que toute communication soit rompu et aussi froide entre Kit et sa fille Margot ?
Les excuses ne réparent rien si elles sont forcées et que l’acte lui même reste inexpliqué.
On entre doucement dans le roman mais le malaise fait partie du tableau dès le début. On apprend à connaître les personnages. Chacune d’entre elles, l’autrice met en avant le destin de ses femmes fortes, de ses femmes de caractères qui donnent corps à son intrigue – les hommes sont des personnages importants mais secondaires ici. Kit et ses filles ont toutes un point commun : le secret. En effet, chacune garde en elle quelque chose qu’elles ne veulent pas partager, parce qu’elles ont peur d’être jugée, de ne pas être comprise, de ne pas être entendue. Ce mariage aura un effet cathartique. Organiser un tel événement dans un laps de temps restreint, avec des personnes aux émotions à fleur de peau… il devient évident que les secrets vont se dévoiler, il est temps.
Hannah Richell nous propose ici, encore une fois, un roman dramatique tout en délicatesse. Les blessures du passé et du présent sont lourdes, difficiles à accepter, encore plus difficiles – parfois – à partager. Le lecteur prend ces émotions, partage leurs douleurs, leurs souffrances. On a ici un roman beau et émouvant, avec toute une galerie de personnages féminins au charisme indéniable.
Je suis tombée sous le charme de l’ambiance créée par l’autrice, du décor à l’intrigue, on s’imprègne de ses mots, de la façon dont elle nous fait participer à cette réunion familiale.
Hannah Richell sait créer des ambiances mystérieuses autour de personnages féminins forts et attachants. J’ai adoré cette lecture !
Pingback: C’est lundi que lisez-vous ? #490# | Les Lectures d'Azilis