Le Célèbre Catalogue Walker & Dawn
titre original : Il rinomato catalogo Walker & Dawn
Auteurs : Davie Morosinotto
trad. de l’italien par Marc Lesage
427 p.
Ecole des loisirs, 2021 (médium)
P’Tit Trois, Eddie, Min et Julie ne pourraient pas être plus différents, et en même temps plus amis. Ils partagent un catalogue de vente par correspondance, trois dollars à dépenser et un grand désir de découvrir le monde. Et quand, au lieu du revolver qu’ils ont commandé arrive une vieille montre qui ne fonctionne même pas, les quatre n’hésitent pas une seconde et partent vers Chicago pour récupérer leur revolver. Au cours de leur voyage, ils rencontreront des tricheurs professionnels, des flics véreux, des méchants qui semblent gentils et des gentils qui ne le sont pas du tout… un crime non résolu et beaucoup, beaucoup d’argent…
Ne vous fiez pas à son épaisseur, ce roman, publié dans la collection Médium de l’École des Loisirs, est tout à fait accessible pour les lecteurs à partir de 12 ans (voire même plus tôt si bon lecteur). Mais que cache ce fameux catalogue ?
L’auteur, Davide Morosinotto, nous invite à le suivre en Louisiane, au cœur du Bayou, au début de XXème siècle. Nous y faisons la connaissance de 4 amis intrépides : P’tit trois, l’aventurier, Eddie, le jeune chaman du marais, Julie, la fille qui ne sait pas pleurer et son jeune frère Mim, qui ne dit pas un mot… Ces quatre-là ne sont pas les derniers pour vivre l’aventure. Issus d’un milieu très pauvre et défavorisé, ils aiment s’évader à leur façon et se sont construit un abri à l’écart. Rien que pour y aller ils bravent les interdictions familiales. Un jour, ils trouvent 3 dollars. Une véritable fortune !! Ils décident alors de commander un article du célèbre Catalogue de vente par correspondance Walker & Dawn. Ce catalogue est plébiscité par tous le États-Unis : on y trouve tout ce que l’on désire ! Une vraie caverne d’Ali baba ! Alors ces 3 dollars, c’est pour eux l’occasion à saisir et ils commandent un revolver et des munitions ! Rien que la commande et la réception est une aventure à elle seule et une attente interminable… Surtout que quand enfin ils reçoivent leur colis tant désiré à l’intérieur ils n’y trouvent qu’une vieille montre en mauvais état de fonctionnement. Ils apprennent que cette erreur pourrait bien faire la fortune alors ils sont bien décidés à aller jusqu’à Chicago pour obtenir leur récompense. Un voyage épique, dangereux, semé d’embûches et de dangers qu’ils vont affronter tant bien que mal !
Le Catalogue, tout le monde le sait, c’était le CÉLÈBRE CATALOGUE DES BONNES AFFAIRES DE MISTER WALKER & MISS DAWN. LES PRIX LES PLUS BAS ! – DÉPENSEZ BIEN VOTRE ARGENT ! – REMBOURSEMENT GARANTI !
D’après la publicité, c’était le deuxième livre le plus lu en Amérique après la Bible. À mon avis, c’était même le premier, notamment parce que peu de gens de ma région savaient lire. Au moins, le catalogue avait des images.
Oui, des images. Deux mille pages remplies d’objets en tout genre ; chacun avait droit à un beau dessin détaillé, c’était comme avoir le véritable article sous les yeux.
L’auteur n’est pas tendre avec ses jeunes héros. Déjà ils n’ont pas eu un départ dans la vie très agréable mais leur épopée est loin d’être simple, surtout quand comme eux, on n’a pas d’argent. Un voyage qui se fait aujourd’hui en quelques heures en avion, va leur prendre des jours d’abord en train puis en bateau le long du Mississippi. Ils vont rencontrer tout un tas de personnages hauts en couleurs qui parfois les guideront, parfois leur tendront des pièges…
J’ai aimé l’aventure façon Mark Twain qui se dégage de ce roman et j’ai surtout apprécié l’ingéniosité et la camaraderie entre nos quatre héros. Malgré les épreuves et les malheurs qui vont jalonner leur parcours, ils restent solidaires, prêts à tout pour aider leurs amis, une famille qu’ils se sont créées à défaut d’avoir été choyée par les leurs. Ils devront affronter les regards haineux, le racisme, le dédain des gens de la ville, et bien d’autres choses mais ils savent qu’ils pourront toujours compter les uns sur les autres.
– Il y a quelques temps, j’ai lu le livre d’un écrivain qui s’appelle Mark Twain, justement.
– Quel genre de livre ?
– Oh, c’est un beau livre : ça parle d’un garçon, Huck, qui trouve un trésor et qui devient très riche. L’ennui, c’est qu’une fois qu’il est riche, il doit aller à l’école. Alors il décide de s’enfuir et de s’embarquer avec un de ses amis, un esclave, sur un radeau. Avec ce radeau, ils descendent le Mississippi…
– Mouais, a bougonné P’tit Trois. C’est crétin.
– Non, c’est l’un des plus beaux romans que…
– Moi je dis que c’est crétin car c’est le contraire de ce qu’on fait, nous. C’est vrai, quoi, ce Huck a un trésor, mais au lieu d’être content de sa vie, il file vers le sud. Alors que nous, on le cherche ce trésor, c’est pour ça qu’on remonte le grand fleuve, exactement l’inverse de ce qu’il fait !
Ce que j’ai également apprécié dans ce roman, c’est la façon dont Davide Morosinotto a construit son histoire. Chaque partie est l’occasion de donner la parole à l’un d’entre eux. Ainsi, on apprend à les connaître, à apprécier leur réaction. Le choix de cette alternance permet aussi de donner une vision différente sur l’époque dans laquelle ils vivent, sur ce qu’ils sont amenés à vivre par rapport à leur rang ou même leur sexe (je pense notamment à la partie de Julie).
Le tout est écrit de façon simple et abordable. L’auteur a su adapter le vocabulaire, l’époque et les faits qu’il raconte (il y a une part d’enquêtes dans son intrigue) pour que les plus jeunes soient emportés par ses mots, par l’action et par la personnalité des quatre personnages. C’est parfois un peu violent et un peu noir mais l’incipit prévient que l’histoire dans une époque très différente de celle d’aujourd’hui. Les interdits n’étaient pas les mêmes, le rôle des enfants non plus.
Avant même que le bateau s’amarre, j’ai poussé un grand cri en voyant un fiacre surgir derrière les quais à toute vitesse. Sauf que ce n’était pas des chevaux qui le tiraient. C’était… une automobile.
Je savais qu’il existait des engins pareils quelque part. Ces fiacres à vapeur se conduisaient comme des bateaux mais je n’aurais jamais imaginé que j’en verrais un dans ma vie.

Roman noté car j’ai beaucoup aimé La fleur perdue du chaman de K 🙂
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