Une famille presque normale

titre original : En helt vanlig familj 

Auteur : M.T. Edvardsson

trad. du suédois par Rémi Cassaigne

620 p.

La famille Sendell vit dans la petite ville de Lund, en Suède. Elle se compose d’Adam, le père, un pasteur respecté, d’Ulrika, la mère, une brillante avocate et de leur fille Stella, 19 ans, qui s’apprête à quitter le foyer pour un road trip en Asie du Sud-Est. Un jour, Christopher Olsen, un important homme d’affaires, est assassiné et quelques jours plus tard, Stella est arrêtée par la police.

 Tassé dans un coin, je réagis à tous les mouvements en bordure de mon champ de vision. Le moindre bruit me fait sursauter. Les secondes ont ralenti et semblent presque immobiles. Autant que je sache, je suis assis là depuis cinq minutes. Ou une heure. 

Une famille normale… en apparence. Le père est pasteur, la mère avocate renommée, la fille qui est sur le point de partir pour un road trip.

Mais leur équilibre et leur vie « normale » vont être mis en pièce. Un homme, Christopher Olsen, vient d’être tué dans leur quartier. Et leur fille Stella est arrêtée pour ce meurtre.

Que s’est-il passé? Chacun va prendre les choses en main à sa façon. Chacun dans son coin. Le père sait à quelle heure est rentrée sa fille ce soir là. Mais il est prêt à mentir pour la protéger. Et son statut de pasteur sera sa caution morale. La mère se met en mode avocate. Moins ils en parlent mieux ce sera s’il y a procès… Et comme elle connait bien l’avocat commis d’office, elle a confiance. Ce n’est qu’une question de temps avant que ce malentendu soit levé.

L’affaire semble clair dès le départ. Les bases de l’intrigue sont classiques. Son inventivité vase jouer dans la construction de celle-ci qui va faire planer le doute sur la culpabilité de la jeune fille. Il y a des soupçons, des preuves potentiels mais quelle aurait été sa motivation. Et bien sûr l’autre question : jusqu’où sont-ils prêts à aller pour sauver leur famille? L’auteur, M.T. Edvardsson, va faire avancer son intrigue en 3 temps, en donnant la parole au père, puis à la mère pour finir par la fille. Ce ne sera pas la même histoire racontée d’un point de vue différent mais l’intrigue qui commence avec la vision paternelle, puis que si continue avec la mère et le final avec la réalité de la jeune femme. J’ai aimé cette façon originale de faire avancer l’histoire, de passer à un autre personnage qui va servir à sa façon l’enquête vers la vérité. Ainsi, nous entrons dans la tête de chacun, nous comprenons la façon dont ils réagissent face à l’épreuve. Et si ils nous paraissaient plutôt passif, on se rend compte en changeant de point de vue que la réalité était tout autre. En jonglant avec les personnages, l’auteur nous partage leurs ressentis.

Justice ou injustice. Qui est le véritable coupable ? L’auteur joue sur les apparences, sur les non-dits. Toute vérité est-elle bonne à dire ? Et surtout est-ce que l’auteur est complètement honnête avec nous ou joue-t-il lui aussi avec les mots et les apparences ?

L’auteur joue avec nos émotions, avec nos suppositions. Le doute est le fil conducteur de ce thriller psychologique qui porte bien son nom !

Malgré ses 620 pages, ce roman se lit à une vitesse folle. En entrant dans leur intimité, le lecteur est curieux de découvrir les secrets de chacun, de comprendre comment une famille « normale » peut arriver à cette situation dramatique.