Lorsque le dernier arbre
titre original : Greenwood
Auteur : Michael Christie
trad. de l’anglais (Canada) par Sarah Gurcel
589 p.
D’un futur proche aux années 1930, Michael Christie bâtit, à la manière d’un architecte, la généalogie d’une famille au destin assombri par les secrets et intimement lié à celui des forêts.2038. Les vagues épidémiques du Grand Dépérissement ont décimé tous les arbres et transformé la planète en désert de poussière. L’un des derniers refuges est une île boisée au large de la Colombie-Britannique, qui accueille des touristes fortunés venus admirer l’ultime forêt primaire. Jacinda y travaille comme de guide, sans véritable espoir d’un avenir meilleur. Jusqu’au jour où un ami lui apprend qu’elle serait la descendante de Harris Greenwood, un magnat du bois à la réputation sulfureuse. Commence alors un récit foisonnant et protéiforme dont les ramifications insoupçonnées font écho aux événements, aux drames et aux bouleversements qui ont façonné notre monde. Que nous restera-t-il lorsque le dernier arbre aura été abattu ?
Ils viennent pour les arbres.
Pour respirer leurs aiguilles. Caresser leur écorce. Se régénérer à l’ombre vertigineuse de leur majesté. Se recueillir dans le sanctuaire de leur feuillage et prier leurs âmes millénaires.
Depuis les villes asphyxiées de poussière aux quatre coins du globe, ils s’aventurent jusqu’à ce complexe arboricole de luxe – une île boisée du Pacifique, au larde de la Colombie-Britannique – pour être transformés, réparés, reconnectés. Pour se rappeler que le cœur vert jadis tonitruant de la Terre n’a pas cessé de battre, que l’âme du vivant n’a pas encore été réduite en poussière, qu’il n’est pas trop tard, que tout n’est pas perdu.
Un roman exceptionnel dont j’aimerais vous parler aujourd’hui. Une fresque familiale, sociale et écologique, à la fois historique, contemporain et futuriste. Oui oui tout ça à la fois! Et on le doit à la plume extraordinaire de Michael Christie, un auteur canadien qui a déjà publié en France un recueil de nouvelles il y a dix ans, Le Jardin du mendiant.Même lorsqu’un arbre est au plus fort de sa croissance, seulement dix pour cent e ses tissus – les cernes externes, ou aubier – peuvent être qualifiés de vivants. Tous les cernes du duramen, eux, sont morts : de la cellulose doublée de lignine qui s’est accumulée, année après année, couche après couche, pendant les sécheresses comme pendant les orages, es maladies et les agressions – tout ce que l’arbre a vécu, préservé et consigné dans son propre corps. Chaque arbre est tenu par son histoire, par l’ossature de ses ancêtres. Et depuis que le journal est parvenu jusqu’à elle, Jake comprend que sa propre vie est étayée par des couches invisibles, structurée par les vies qui l’ont précédée. Et par une série de crimes et de miracles, d’accidents, de décisions, de sacrifices et d’erreurs auxquels elle doit d’habiter ce corps et cette époque-ci.

Si l’Histoire était un livre, l’époque présente en serait sans doute le dernier chapitre, non ?
C’est un roman passionné et passionnant que je ne peux que vous conseiller : précipitez-vous en librairie ! Pour moi, c’est un indispensable !Et si la famille n’avait finalement rien d’un arbre ? se dit Jake tandis que le duo marche en silence. Si c’était plutôt une forêt? Une collections d’individus mettant en commun leurs ressources via leurs racines entremêlées, se protégeant les uns les autres du froid, des intempéries et de la sécheresse – exactement ce que les arbres de Greenwood Island ont fait pendant des siècles.

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