Le Cerf-volant
Autrice : Laetitia Colombani
Lu par l’autrice
5h01
Après le drame qui a fait basculer sa vie, Léna décide de tout quitter. Elle entreprend un voyage en Inde, au bord du Golfe du Bengale, pour tenter de se reconstruire. Hantée par les fantômes du passé, elle ne connait de répit qu’à l’aube, lorsqu’elle descend nager dans l’océan indien. Sur la plage encore déserte, elle aperçoit chaque matin une petite fille, seule, qui joue au cerf-volant. Un jour, emportée par le courant, Léna manque de se noyer.
La voyant sombrer, la fillette donne l’alerte. Léna est miraculeusement secourue par la Red Brigade, un groupe d’autodéfense féminine, qui s’entraînait tout près. Léna veut remercier l’enfant. Elle découvre que la petite travaille sans relâche dans le restaurant d’un cousin, qui l’a recueillie et l’exploite. Elle n’a jamais été à l’école et s’est murée dans un mutisme complet. Que cache donc son silence ? Et quelle est son histoire ? …
Aidée de Preeti, la jeune cheffe de brigade au caractère explosif, Léna va tenter de percer son secret. Jadis enseignante, elle se met en tête de lui apprendre à lire et à écrire. Au coeur de ce monde dont elle ignore tout, commence alors une incroyable aventure où se mêlent l’espoir et la colère, la volonté face aux traditions, et le rêve de changer la vie par l’éducation… La rencontre inoubliable et réparatrice entre une femme, une jeune fille et une enfant au milieu d’une Inde tourmentée.
Ma rencontre avec Laetitia Colombani avec sa Tresse avait été un coup de foudre. Perturbant, émouvant, fort, intense. Un roman qui m’a marqué et que je n’arrête pas de conseiller. J’étais donc heureuse de retrouver l’Inde avec le regard de l’autrice dans ce nouveau roman, une suite sans en être vraiment une. Ce n’est plus la même thématique mais on reste sur un roman qui donne la parole aux femmes, qui défend le droit des femmes.
Après une difficile épreuve, Léna a plaqué et fuit sa vie en France. Elle a eu besoin de souffler, de vivre autre chose. Mais elle ne s’attendait certainement pas à vivre ce qu’elle va vivre. La voici en Inde. Alors qu’elle nage, elle manque de se noyer. Une fillette, Lalita (si vous avez déjà lu l’autrice je pense que vous la connaissez), qui jouait au cerf-volant sur la plage, va alerter les secours : la Red Brigade, un groupe d’autodéfense composée essentielle de femmes.
Léna va découvrir un pan de la société indienne et va vouloir remercier à sa façon la fillette. Ancienne enseignante, elle est révoltée du sort des petites filles dans ce pays. A à peine dix ans, elles triment dans les entreprises familiales. Pour Lalita c’est dans un restaurant. Et elle ne sait ni lire ni écrire. L’avenir semble bien obscur pour elle. Aidée de la cheffe des Red Brigade, Preeti, Léna décide de créer une école à destination des enfants démunis. En France, tout était simple, logique. Ici c’est un combat quotidien : convaincre, insister, obtenir des aides, organiser, marchander, négocier…
C’est ça, ce roman est le reflet d’un combat dans une société plongée dans les coutumes ancestrales, où les filles ne sont pas considérées, où subvenir aux besoins de la famille se vit au jour le jour… Léna désire le faire comprendre à quel point l’instruction est importante pour un meilleur avenir. Espoirs et désillusions. Négociations encore et toujours; Rien n’est facile. Et pourtant, cette aventure humaine unique apporte une bonne dose d’optimisme car des personnes luttent pour changer ces traditions, pour espérer un avenir meilleur pour une partie de la population…
Naître fille ici est une malédiction, pense-t-elle en quittant le dhaba. L’apartheid commence à la naissance et se perpétue, de génération en génération. Maintenir les filles dans l’ignorance est le plus sûr moyen de les assujettir, de museler leurs pensées, leurs désirs. En les privant d’instruction, on les enferme dans une prison à laquelle elles n’ont aucun moyen d’échapper. On leur retire toute perspective d’évolution dans la société. Le savoir est un pouvoir. L’éducation, la clé de la liberté.
Dans ce roman, j’ai retrouvé l’humanité et l’amour que j’aime dans la plume de Laetitia Colombani. Elle transmet sa sensibilité, son émotivité et surtout elle donne la parole à des femmes dans un pays où on ne les entend pas. J’ai ainsi appris que, même si Pretti n’existe pas, la Red Brigade elle oui. Victimes d’agressions, les femmes se sont regroupées pour apprendre à se défendre. Né en 2011 dans le Nord du pays, l’organisation prend de l’ampleur et des « antennes » naissent un peu partout dans le pays. L’autre thème fort de ce roman c’est l’importance de l’éducation, qui va de pair avec le droit des enfants et des femmes.
Cette main tendue sans arrogance, sans arrière-pensée est bien plus qu’un simple salut. Elle signifie : « Tu es comme moi. Je n’ai pas peur de te toucher. Je me moque bien de ton statut et de ta soi-disant impureté. je te considère en égale et t’offre mon respect. »
La version Audiolib permet à l’autrice elle-même de nous proposer sa version puisque c’est elle qui nous le lit, qui l’interprète. En bonus, elle accorde une interview où elle parle de la façon dont elle écrit tout d’abord. Elle accorde une importance toute particulière à la musicalité de ses phrases et nous proposer une version audio en est une suite logique, un aboutissement. Dans cet entretien, elle raconte comment est née cette « suite », ou plutôt ce retour en Inde. Cette entrevue est un vrai plus à la fin de notre écoute.
J’ai adoré La Tresse et son humanité. J’ai l’impression qu’on retrouve ici le même regard sur les femmes, ça me donne très envie.
Il devrait te plaire ! sans aucun doute !
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