La Chute de la maison Whyte
Autrice : Katerina Autet
332 p.
Pocket, 2021

Père et fille n’ont pas le temps de s’expliquer : William Whyte est retrouvé assassiné et le frère d’Edith est accusé du meurtre.
Tandis que la famille se déchire, la bonne société bruit des rumeurs les plus folles…
Je venais de m’engager sur Madison Avenue lorsque je le vis. Il n’avait pas changé. Toujours ce regard bleu d’enfant des publicités Kinder, cette mâchoire carrée, ces épaules larges. Je m’approchai. Le soleil rasant de l’après-midi se reflétait sur son sourire éclatant et je dus plisser es yeux pour voir le titre qui s’étalait sous la photo. « Le mystère Whyte » hurlaient de grosses lettres jaunes sur fond rouge en couverture du National Enquirer. Et, en plus petit, le sous-titre : « un mythe assassiné ».

Étant riches et bien nés, nous croyons avoir tous les droits, et notamment le droit au bonheur. Reprenant à son compte la pensée de Gertrude Stein, ma petite sœur Caroline affirme le plus sérieusement du monde que ceux qui prétendent que l’argent n’achète pas le bonheur font leurs courses au mauvais endroit.
Ici c’est le sort de la grande famille Whyte, dans la région de Cape Cod, qui l’intéresse. Le scandale est à leur porte, au sein même de leur famille. Edith, l’aînée, sort un livre accusant sa famille : son père, sa sœur ou son frère ne son pas épargnés par ses révélations croustillantes. Son père, William, est le principal accusé. Lui le magnat de l’art, qui a créé sa fortune avec des galeries renommées seraient coupables de plusieurs crimes.
Vous avez cru en vos parents, aussi, lorsque vous étiez petit, ils étaient vos dieux, ils ne pouvaient pas avoir tort. Et vous avez eu beau grandir, vous couvrir de rides, vous dégarnir, au fond de vous, vous y croyez toujours un peu. Vous êtes une partie de vos parents. Ils rejaillissent sur vous. Alors, tant que cela ne vous touche pas de trop près, vous fermez les yeux et vous participez au maintien d’une légende familiale.
Les journaux font leurs choux gras avec cette histoire. D’ailleurs, c’est comme ça que le personnage principal, Zach, va apprendre les faits. Lui qui était très proche de cette famille, c’est éloigné d’eux quelques années auparavant et ça fait longtemps qu’il n’avait pas pris de leurs nouvelles. Il est devenu avocat dans le monde de l’art. Pourtant, quand le fils Whyte, Skip, est arrêté pour meurtre c’est lui qu’il engage pour le défendre malgré son incompétence en matière de droit pénal. Mais Skip sait qu’il le croira innocent et qu’il le défendra comme tel. Et c’est bien ce que fera Zach surtout qu’il va devoir faire face à un enquêteur nourri par les préjugés et qui a une idée déjà bien arrêté sur le coupable.
Zach va alors devoir remuer le passé de cette illustre famille, renouer avec les différents membres, lire le livre d’Edith qui semble bien être le déclencheur de cette triste affaire.
D’un premier abord, l’enquête semble être cousue de fil blanc. Le fait que Zach ne soit pas un pénaliste permet au lecteur d’être à peu près au même niveau que lui pour appréhender la situation. En se mettant dans la peau d’un enquêteur, il se questionne sur cette famille, remet en question ce qu’il sait d’eux, de leurs relations à la lumière de ce qu’il va découvrir et il nous invite à en faire de même. J’ai apprécié ressentir cette sensation de doute malgré un coupable potentiel totalement plausible. Et quand une partie de l’enquête se clôt il y a encore cette part d’incertitude, d’autant qu’il nous reste encore une bonne centaine de pages avant de clore l’histoire : non ça ne peut pas être aussi simpliste !

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