Les Mots de Mo’

Autrice : Anne Loyer

illustrateur : Arnaud Nebbache

Kilowatt, 2020 (Les Kapoches)

Moi, c’est Mona, mais on m’appelle Mo’ ! Ça rime avec « rigolo », mais aussi avec « mots ». Et c’est là que ça se gâte, car j’ai un problème avec eux. Pas pour les dire ou les chanter… Pour les écrire : zéro pointé à toutes mes dictées ! Heureusement il y a le dessin, parce que les mots, on peut aussi les mettre en images.

Mona est une petite fille presque comme les autres. Elle aime les mots mais eux ne l’aiment pas.
A l’école, elle donne tout. Elle a beau apprendre, réviser, s’entraîner… les mots restent récalcitrants. Alors qu’elle ramène une énième mauvaise note en dictée, elle craque quand sa mère lui reproche de ne pas faire suffisamment d’effort.
Mais quand est-ce qu’on va l’écouter ? Essayer de la comprendre ?
Mo’- son surnom ironique quand on sait à quels points les mots ne sont pas ses amis – est en détresse. Elle ne sait quoi faire. Les mots pourtant lui parlent à leur façon. Elle aime leur donner vie avec ses crayons. Pas avec des lettres mais à travers des traits, des illustrations.

Et si Mamounette avait raison ? Si derrière ce zéro se cachait un autre monde ? Une galaxie de possibles ? C’est bête quand même d’aimer autant les mots et de ne pas arriver à les écrire ! Alors que les décrire, c’est tellement amusant ! Avec Mamounette, c’est notre jeu favori : mettre des images sur leurs sons. On leur offre des formes, des reliefs, on les anime à notre guise ! Et quand je les dessine, ça peut même être joli.
Par exemple ‘malin’… c’est un lutin. Et hop, j’esquisse un bonhomme à chapeau pointu !

Ses parents finissent par l’entendre. Vont voir son maître, puis un spécialiste (bon dans la réalité – malheureusement les rdv chez les orthophonistes sont beaucoup moins rapides à obtenir que dans ce petit roman). Et un diagnostic, des mots sur ses maux. Elle est dyslexique. Ca va être difficile, long mais il y a des outils, des solutions. En attendant on lui propose une nouvelle activité : des cours de dessins. Et Mo’ sourit à nouveau.

Il paraît que ce n’est pas grave, que ça se soigne et que ça n’a rien à voir avec l’intelligence… à condition d’être patient et volontaire. C’est bizarre, parce que moi, je ne me sens pas malade. Pourtant il existe une sorte de médecin pour corriger tout ça : c’est l’orthophoniste. Encore un drôle de mot ! Il commence comme ‘orthographe’ et se termine comme ‘saxophoniste’.
Autant dire que, maintenant, mes mots vont s’écrire droit et sonner juste !

Anne Loyer nous propose un joli roman sur la dyslexie. Un roman qui fera comprendre cette maladie aux enfants (ceux qui en sont atteints, ceux qui sont amenés à en côtoyer). Mo’ est une fillette adorable. Sa détresse fait mal au cœur mais dans son malheur elle a de la chance d’avoir des parents à l’écoute, même si maladroit.

Ce court roman est accompagné des illustrations d’Arnaud Nebbache, des illustrations qui étaient essentielles à cette histoire vu qu’il s’agit de la bouée de sauvetage du personnage principale. Mais, même si j’ai apprécié ces dessins, je leur reprocherais d’être dans des tons sombres. J’aurai aimé voir une évolution dans ces couleurs. Sombre au début quand Mo’ est malheureuse, mais des couleurs plus vivent quand on nous parle de ses dessins qui eux sont très colorés… Bien sûr on peut voir dans ce choix de tonalité, un message sur la vie de Mo’ qui ne sera pas facile tous les jours, mais une petite lumière pour des lendemains plus joyeux auraient pu être sympa…

Quand les mauvais résultats ne sont pas forcément, systématiquement synonyme de manque de travail. Un court roman bienveillant sur la dyslexie.