Les Chemins de la liberté
Titre original : The book of lost friends
Autrice : Lisa Wingate
trad. de l’anglais par Oscar Perrin
540 p.
Pocket, 2022


Le roman de Lisa Wingate parle de l’esclavage en Louisiane en 1875 mais aussi de son héritage et de ses répercussions sur la vie du quotidien dans une petite ville, toujours en Louisiane, mais en 1987.
Le roman alterne les chapitres se passant à une époque puis à la suivante.
En 1875, nous faisons la connaissance de Hannie Gosset qui vit avec sa mère et ses frères et sœurs dans une plantation de Louisinane. Les enfants sont vendus petit à petit, tel du bétail. Et on suit le quotidien difficile, violent, injuste de Hannie à cette époque. Elle se retrouvera sur les routes, accompagnée de deux femmes blanches, afin de trouver une solution pour obtenir la liberté. Au fil de leur périple, des témoignages, des avis de recherche seront collectées auprès d’esclaves et d’anciens esclaves qui recherchent leur famille.
Les livre m’ont fait me sentir belle quand je ne l’étais pas. Capable lorsque je ne pouvais pas l’être.
Les livres ont forgé mon identité.
C’est ce que je veux pour mes élèves.
Cent ans plus tard, un autre parcours de femme. Dans ce même lieu qui a vu Hannie souffrir. Nous sommes à Augustine au Texas, où la plupart des terres appartenaient jadis à la famille Gosset. Une femme vient d’y déposer ses bagages : Benny Silva, professeur d’anglais. Cette dernière n’est pas très fortunée, mais avait besoin d’un nouveau départ et a accepté un poste qui ne fait pas rêvé grand monde. Elle sera en charge de plusieurs classes dans le collège jugé difficile de la ville, où les élèves ne seraient que des bons à rien, des voyous, dont on ne peut attendre rien… Et ces premiers jours ne sont pas faciles. Elle se retrouve dans une classe bruyante, avec des élèves en colère, en rébellion. Mais Benny est passionné par son travail et persuadée du pouvoir libérateur des livres. Elle voit du potentiel dans ses élèves. Elle est peut-être la seule mais va trouver un moyen pour leur donner une chance. Grâce à un des héritiers Gosset, NAthan, elle va pouvoir leur proposer des livres et ensemble vont monter un projet qui vont les enthousiasmer. Ils vont remonter les fils du passé, chercher des témoignages, connaître d’où ils viennent, leurs héritages. Liés très étroitement à la famille Gosset et à la plantation de Hannie.
Mais remuer le passé dérange. Surtout un passé aussi noir. Pourtant connaître son passé est essentiel pour savoir d’où l’on vient et pour savoir où on peut aller.
Mais remuer le passé dérange. Surtout un passé aussi noir. Pourtant connaître son passé est essentiel pour savoir d’où l’on vient et pour savoir où on peut aller.
Je connais les grandes lignes de la guerre de Sécession, mais presque rien sur l’histoire de la Louisiane. Là, tout de suite, cette ignorance me saute aux yeux. Je veux comprendre ce coin du monde marécageux et couvert de roseaux, qui tire sa vie autant de la terre que de la rivière, des marais et de la mer.Mon chez-moi pour les cinq prochaines années si je parviens à survivre ici. J’ai besoin de rassembler d’autres pièces du puzzle, mais personne ne va me les donner. Je dois les trouver. Les déterrer de leur cachette, du sol et des gens. Écoute, semble me conseiller la route. Écoute. J’ai des histoires à te raconter. Je ferme les yeux et j’entends des voix. Des milliers qui murmurent en même temps. Je ne peux en discerner une seule, mais je sais qu’elles sont là. Qu’ont-elles à dire ?
C’est cette seconde partie qui m’a le plus intéressée. J’ai apprécié cette recherche du passé, la motivation, l’implication de Benny. Cette partie m’a fait pensé au film Esprits rebelles avec cette prof impliquée qui croit en la capacité de ses élèves et qui veut leur prouver à eux aussi qu’ils sont capables, qu’ils peuvent faire quelque chose de leur vie malgré les préjugés.
J’ai apprécié de voir aussi les répercussions de l’esclavage dans le quotidien, dans les mœurs à peine cent ans après. Comment ce lourd passif plane encore sur les relations sociales.
C’est triste quand les histoires meurent parce qu’il n’y a personne pour les écouter.

Lu dans la cadre de la sélection du Grand Prix des lecteurs 20022
