La Déraison
Autrice : Agnès Martin-Lugand
lu par Yann Sundberg et Bénédicte Charton
5h21
Lizzie, 2022
281 p.
Editions Michel Lafon, 2021
Lizzie, 2022
281 p.
Editions Michel Lafon, 2021

Un homme incapable d’en finir avec la vie.
Leurs deux voix s’élèvent tour à tour pour nous confier leur histoire, leurs maux, leurs démons, et plus que tout l’amour fou. Un amour qui inspire, réunit et sauve autant qu’il a pu détruire et séparer.

C’est le roman d’Agnès Martin-Lugand qui m’a le plus remué, le plus bouleversé. J’ai fini en larmes. Littéralement. Le cœur serré. Mais sereine. Le personnage principal a dit tout ce qu’il avait à dire, à vivre avant de tirer sa révérence. C’était beau. C’était bouleversant. C’est écrit avec tellement de justesse, d’émotion que j’ai tout absorbé comme si je connaissais l’héroïne, sa famille, ses amis. Comme si je faisais partie de son cercle intime.
On ne doit pas culpabiliser de vivre.
On doit savourer. Jouir de la vie. Encore et encore.
Nous suivons deux personnages.
L’un est un homme, Joshua. Musicien de talent. Père. Taciturne. Mélancolique. Dépressif. Seul son fils le retient de commettre un geste irréparable. Il s’isole dans l’ancienne maison familiale en Bretagne. Il n’arrive plus à composer. Broie du noir.
L’un est un homme, Joshua. Musicien de talent. Père. Taciturne. Mélancolique. Dépressif. Seul son fils le retient de commettre un geste irréparable. Il s’isole dans l’ancienne maison familiale en Bretagne. Il n’arrive plus à composer. Broie du noir.
L’autre est une femme. Madeleine. Elle a une fille. Un meilleur ami qui a été aussi son amant et qui est le père de sa fille. Son associé dans leur agence de voyage. Elle a deux sœurs très présentes. Mais elle est surtout en train de livrer son plus dur combat. Un combat contre la maladie. Et malheureusement, ce n’est pas elle qui en est ressortie gagnante. Elle n’a plus beaucoup de temps à vivre. Alors son entourage est aux petits soins pour elle. Pour faire comme si ce n’était pas en train d’arriver. Pour en jamais la laisser longtemps seule. Sa fille, encore adolescente, lui pose un jour une question. Est-ce qu’elle a une part d’elle qu’elle ne connait pas ? Si jamais elle a un secret, elle aimerait l’entendre de sa bouche à elle. Pas d’une autre.
Moi qui craignais d’être effacée par ma mort, j’avais effacé une partie de ma vie. Une partie de moi était déjà morte depuis plus de vingt ans Il me restait peu de temps pour lui redonner vie une dernière fois, Un dernier sursaut. Pour ma fille et pour moi, j affronterais mes peurs et mes regrets.
Madeleine est remuée par ce désir. Car oui, il y a une part d’elle enfouie. Une part qu’elle va se décider à partager avec sa fille. Mais elle le fera à son rythme. Entre la douleur, la fatigue et la parole qui libère un flot d’émotions et de souvenir.
Madeleine va se raconter, raconter cette histoire qui n’a jamais cicatrisé. Mais elle le fera dans le lieu où tout a commencé : dans une maisonnette bretonne, à deux pas de la plage.
Très vite en tant que lecteur on comprend les liens qui unissent les deux protagonistes. Tout comme la fille de Madeleine, on tend l’oreille, on attend patiemment que Madeleine raconte. Il faudra attendre. Car les mots sortent difficilement. Elle doit faire le choix entre ce qu’elle va dire et ce qu’elle désire garder pour elle. Mais nous avons de la chance par rapport à sa fille : nous avons les pensées de Madeleine, nous avons l’histoire de Joshua. Peu à peu on assemble, on reconstruit leur histoire unique, passionnée et déchirante.
Dans ce roman, Agnès Martin-Lugand se fait une nouvelle fois la porte parole d’une romance déchirante, inaccomplie. Un récit qui se joue des hasards de la vie pour faire renaître les souvenirs, et pourquoi pas les sentiments d’alors.
Nous jouerions cette partition à quatre mains.
Elle et moi.
Comme avant.
Comme nous aurions dû l’interpréter toute notre vie.
Tout comme la musique présente dans le récit, l’autrice a composé son intrigue comme une mélodie : les notes passant du grave à la légèreté. L’histoire vibre, raisonne, retentit en nous. Enfin, en tout cas en moi. L’empathie était bien là. Les larmes ont eu du mal à se tarir quand j’ai fermé le roman.
Je finirais cette chronique par les mots posés en fin de lecture sur Instagram à l’attention d’Agnès Martin-Lugand :
Finir ce roman chamboulée… en larmes… mais avec l’impression d’être en paix. Magnifique.
Merci de nous raconter des histoires si touchantes, si belles…
La force des émotions de ce roman est parfaitement mis en son par le jeu des acteurs-lecteurs : Yann Sundberg et Bénédicte Charton. Cette dernière est exceptionnelle : elle a su se coller à la difficulté de s’exprimer de son personnage malade. Bravo !

Merci aux éditions Lizzie et à Netgalley pour cette écoute.
Il est dans ma pal, mais il me fait un peu peur.
Je peux comprendre.