Roman

La Maison aux miroirs de Cristina Caboni

couv19117289La Maison aux miroirs

Titre original : La Casa degli specchi
Autrice : Cristina Caboni
trad. de l’italien par Marie Causse
363 p.
Pocket, 2022

La maison aux miroirs, une grande villa de Positano, est le seul endroit où Milena, comédienne, se sent vraiment chez elle. C’est là qu’elle a grandi avec son grand-père Michele. Elle en connaît tous les recoins, à commencer par la majestueuse entrée ornée de glaces qui lui vaut son nom.
Mais un jour, pendant l’une de ses visites au vieil homme, des ouvriers retrouvent un squelette sur la propriété. La police ouvre aussitôt une enquête. Michele, malade, semble particulièrement bouleversé par cet événement. Au gré de ses délires surgit un nom : celui d’Eva, sa femme, disparue des années plus tôt.
En quête de réponses, Milena va tenter de percer le mystère qui entoure l’identité de la victime. Pourrait-elle être sa grand-mère, dont elle ignore tout ? Pourquoi Eva, l’Américaine, est-elle partie subitement en abandonnant mari et enfant ?
Un voyage dans le temps et dans l’histoire qui nous plonge dans l’âge d’or du cinéma italien, sur les traces d’une vérité indispensable à Milena pour comprendre son passé et embrasser le présent.
cequejenaipensé Hasard du calendrier de mes lectures, je vous parlais il y a presque un an tout pile (à un jour près) du roman précédent de Cristina Caboni, Une vie entre les pages : un roman que j’avais apprécié par sa thématique et par sa construction temporelle. Ici, l’autrice renoue avec cette même structure de deux narrations : une dans le passé qui sert à élucider une situation dans le présent.
Nous sommes à Positano, sur la côte amalfitaine. Une Italie douce aux couleurs exceptionnelles. Dans cette petite ville se situe la villa majestueuse où vit Michele, le grand-père de notre héroïne Milena. Une demeure surnommée la maison aux miroirs. Milena s’y est toujours sentie bien, en sécurité et a toujours été très complice et admirative de son grand-père. Mais celui-ci est atteint d’Alzheimer et sa santé se dégrade de jour en jour. Milena décide de s’occuper de lui tant que ce sera nécessaire.
Il est souvent plus facile d’ignorer un sujet que de l’aborder, on fait comme s’il ne s’était rien passé, Il y a plusieurs façons d’affronter la souffrance : en expiant ou en oubliant. Moi j’ai fait les deux.
Lors de travaux dans le jardin de la propriété, des ouvriers mettent un jour un ancien puits… où se trouve un squelette. Une enquête est ouverte pour déterminer son identité, pour savoir depuis quand il est là, s’il s’agit d’un accident ou … d’un meurtre.
Cette découverte ravive les rumeurs dans le village. Pour eux, il s’agit d’Eva, la femme de Michele qui a disparu du jour au lendemain, sans laisser de traces, sans plus jamais donner de nouvelles. Que ce soit elle ou pas, l’événement perturbe fortement Michele et Milena aussi par répercussion. Elle décide de mener une enquête en parallèle. Elle découvre une pièce cachée dans l’entrée de la maison où sont exposés les magnifiques miroirs créés par son grand-père (il était orfèvre). Cette pièce était le refuge de sa grand-mère et il est resté intact suite à sa disparition. Milena plonge dans le passé de cette femme qu’elle n’a pas connu et découvre des carnets avec des notations de lieux, de noms.

Elle aimait les miroirs : elle aimait y regarder son reflet et remarquer de petits détails, des nuances, des changements dans son expression et dans ses mouvements. Être protagoniste et spectatrice. Être et apparaître.
Il y avait douze miroirs fixés aux murs de l’immense entrée de la villa, un hall circulaire d’argent et de mercure. Quand Milena le traversait, son âme semblait s’y refléter. Elle avait toujours ressenti ce mélange de fascination et d’émerveillement. C’était comme s’engager sur un chemin étrange qui la montrait sous différents aspects et qui, parfois, lui renvoyait une image distordue, discordante, une image qui la laissait sans voix et la poussait à s’interroger, à chercher à comprendre ce qui se cachait au fond de son âme et que seul le miroir savait révéler.

Cristina Caboni nous plonge dans une époque pas si lointaine, celle de l’âge d’or du cinéma italien, celle de la guerre froide.
J’ai apprécié cette remontée dans l’Histoire récente, cette plongée dans le monde du théâtre et du cinéma. J’ai aimé découvrir Eva et son amour pour Michele. J’ai aimé l’invitation de l’autrice à imaginer ce qui avait pu se passer, à la laisser nous proposer les pièces du puzzle.
Au fil de la plume de Cristina Caboni, on ressent la chaleur italienne, les odeurs et les couleurs de Positano, on entend les voix des personnages, on apprend à les connaître, à les apprécier et à les comprendre.
Je n’avais encore jamais vu le bleu avant de voir la mer de Positano.

Un très joli roman entre passé et présent, une quête d’identité familiale.

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