Roman

La Carte postale d’Anne Berest

couv62109531La Carte postale

Autrice : Anne Berest
lu par Ariane Brousse

14h04
Audiolib, 2022
502 p.
Editions Grasset, 2021

résumé C’était en janvier 2003.
Dans notre boîte aux lettres, au milieu des traditionnelles cartes de vœux, se trouvait une carte postale étrange.
Elle n’était pas signée, l’auteur avait voulu rester anonyme.
L’Opéra Garnier d’un côté, et de l’autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942.
Vingt ans plus tard, j’ai décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale. J’ai mené l’enquête, avec l’aide de ma mère. En explorant toutes les hypothèses qui s’ouvraient à moi. Avec l’aide d’un détective privé, d’un criminologue, j’ai interrogé les habitants du village où ma famille a été arrêtée, j’ai remué ciel et terre. Et j’y suis arrivée.
Cette enquête m’a menée cent ans en arrière. J’ai retracé le destin romanesque des Rabinovitch, leur fuite de Russie, leur voyage en Lettonie puis en Palestine. Et enfin, leur arrivée à Paris, avec la guerre et son désastre.
J’ai essayé de comprendre comment ma grand-mère Myriam fut la seule qui échappa à la déportation. Et éclaircir les mystères qui entouraient ses deux mariages. J’ai dû m’imprégner de l’histoire de mes ancêtres, comme je l’avais fait avec ma sœur Claire pour mon livre précédent, Gabriële.
Ce livre est à la fois une enquête, le roman de mes ancêtres, et une quête initiatique sur la signification du mot « Juif » dans une vie laïque.

cequejenaipenséC’est un roman qui fait beaucoup parlé depuis sa sortie et qui a reçu plusieurs prix : Prix Renaudot des lycéens 2021, Prix Goncourt choix des États-Unis 2022, Grand Prix des Lectrices de ELLE 2022.
L’énigme de la carte postale, la recherche de ses racines, l’histoire familiale, la seconde guerre mondiale : tout ça m’a donné envie de découvrir à mon tour ce texte. Important pour son autrice Anne Berest. Important pour sa famille. Mais important aussi pour sa thématique abordant la question de l’identité, et notamment celle d’être juif.

Pour moi il est difficile de faire le lien entre Mirotchka, fille des Rabinovitch, et Myriam Bouverîs, ma grand-mère avec laquelle je passais les étés, entre les monts du Vaucluse et la chaîne du Luberon.

Ce n’est pas simple de relier toutes les parties entre elles. J’ai du mal à maintenir ensemble toutes les époques de l’histoire. Cette famille, c’est comme un bouquet trop grand que je n’arrive pas à tenir fermement dans mes mains.

Début 2003, la mère d’Anne reçoit une carte postale. Anonyme. Dessus est inscrit le nom des grands-parents de sa mère ainsi que ceux de son oncle et de sa tante. Tous déportés et morts à Auschwitz en 1942.

Deux décennies plus tard, Anne repense à cette carte et décide de mener son enquête. Sa mère, de son côté, a conservé et recherché des traces du parcours de ses proches durant de longues années. Une enquête fastidieuse, complexe, éprouvante. Elle livre, petit à petit, ses découvertes à sa fille. Elle ouvre ainsi le livre de l’histoire familiale : leur vie en Russie, puis en Pologne, en Palestine, puis leur arrivée en France. En France, la guerre les rattrape. Ils seront séparés. Myriam, la grand-mère d’Anne, sera la seule survivante.

La terrible erreur que commet Ephraïm, c’est de croire qu’il peut installer son bonheur quelque part.

Anne et sa mère, Lélia, vont reconstituer le puzzle familial. Anne apportant un regard neuf aux recherches déjà conséquentes de sa mère, apportant de nouvelles idées pour aller plus loin, pour compléter. Et toujours avec une idée en tête : découvrir qui était derrière l’envoi de cette carte postale énigmatique et anonyme. Mais finalement, ce qu’elle va découvrir sur sa famille est sans doute plus important que cette réponse-là.

Cette recherche de racine, cette histoire familiale est un véritable roman, et on comprend pourquoi Anne Berest a voulu nous partager ce récit. C’est un magnifique et émouvant témoignage de vies déchirées, bousculées, ballottées par l’Histoire.

Dans la version Audiliob, c’est la voix d’Arianne Brousse, voix que j’avais déjà beaucoup apprécié dans son interprétations des Lendemains de Mélissa Da Costa, qui incarne ces vies. Elle donne corps à ce texte puissant, bouleversant. Elle nous invite à nous immerger dans les mots, dans ce récit aux côtés d’Anne, de sa mère mais aussi des différents membres de la famille qui prennent vie sous nos yeux (ou dans mes oreilles dans mon cas !!).

Tu es née dans un monde de silence, il est normal que tes enfants aient soif de paroles.

Ce témoignage de vie, de l’histoire dans la grande Histoire, est aussi l’occasion de parler de l’identité : qu’est-ce qu’être juif aujourd’hui ? L’antisémitisme ambiant à l’époque mais qui a toujours un écho de nos jours, jusque dans les cours d’école. Le regard et les mots d’Anne Berest sont à la fois instructifs et riches en réflexion.

Plusieurs histoires qui s’entrecroisent entre ces pages. Des histoires qui n’en forment plus qu’une : celle d’une famille au destin romanesque.

 

en bref

Une audiolecture captivante sur la transmission, la quête d’identité, sur la famille.
Merci à Audiolib et Netgalley pour cette audiolecture.

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