Roman

Un abri de fortune d’Agnès Ledig

couv13432686Un abri de fortune

Autrice : Agnès Ledig
Lu par François-Eric Gendron

8h52
Audiolib, 2023
Albin Michel, 2023

résumé « Avec un peu d’amour, on fait de grandes choses. En deux années, mes voisins ont transformé cette bâtisse vosgienne à l’abandon en refuge. Du haut de mon banc et de mon grand âge, je viens chaque jour guetter les changements. Les trois premiers locataires sont aussi cabossés que moi. Un homme qui se remet d’un geste irréparable, une gamine fragile comme un moineau et une femme camouflant la misère sous sa légèreté. Je savais qu’au contact des arbres, des bêtes et du jardin, ils allaient oublier leurs peines et s’offrir un nouveau destin. Quand ils ont fait cette découverte dans les taillis et qu’ils se sont mis à remuer le passé, je me suis demandé jusqu’où tout ça allait les mener. Eh bien, vous allez être sacrément surpris… » Jean
Installée en lisière de forêt, Agnès Ledig puise son inspiration dans la biodiversité, convaincue des bienfaits de la nature sur les émotions humaines. Avec la sensibilité qui confère à son écriture une force rare, elle nous invite ici à revenir aux sources du vivant.

cequejenaipensé Et voilà! Mon impatience a gagné… Je n’avais pas encore sorti La Toute Petite Reine de ma pile à lire que j’ai craqué pour la version audio de la suite de ce roman : Un abri de fortune, qui vient tout juste de sortir aux éditions Audiolib. Et cela ne pose aucun problème de compréhension… juste une envie « regonflée à bloc » de sortir le premier tome de ma PAL pour retrouver Capucine et Adrien, pour savoir comment ils se sont rencontrés.

Adrien et Capucine se sont installés dans une ferme au cœur d’une forêt vosgienne. Loin du brouhaha de la vie citadine. Un endroit au calme, hors du temps. Une bulle de tranquillité. Là, ils ont crée une mini ferme et aussi un lieu de vie ou plutôt de reconstruction. Ils ont décidé d’y accueillir des personnes en rupture sociale, en rupture avec eux-mêmes. Ils sont persuadés que ce lieu a des vertus curatives.

C’est ainsi que débarque Clémence, Karine et Rémy. Les deux premières étaient jusqu’alors patientes d’un hôpital psychiatrique. Rémy lui sort de prison. On ne sait pas pourquoi ils y étaient. On sait juste qu’ils sont brisés, qu’ils ont un besoin d’autre chose pour se reconstruire. Ce dispositif semble leur dernière chance. Ou plutôt leur salut. 

Ils y arrivent curieux, impatients mais aussi indécis. Mais l’accueil d’Adrien et Capucine est tel qu’ils vont vite trouver leur marque. Ils vont chacun apporter leur compétence, mais ils vont aussi beaucoup apprendre. Sur eux. Sur la vie. Ils vont retrouver aussi l’espoir d’un lendemain meilleur pour eux.

Capucine et Adrien finalisent enfin le projet fou de restaurer cette ruine pour en faire une bulle au milieu du chaos. Leur chaos à eux, qu’ils sont venus ranger ici, entre les fleurs et les nuages. Et maintenant celui des autres. Des chaos différents. Mais quel que soit le tas de peurs, de peines, de souffrances, la façon de ranger est sensiblement la même.

On les découvre peu à peu. Leur sensibilité à fleur de peau, leurs peurs, leurs espoirs, leurs colères. 

Dans ce nouveau quotidien qui permet de s’épanouir, une étrange découverte va avoir lieu. De vieilles tombes dissimulées. L’arrivée des gendarmes sur place va réveiller les réticences des pensionnaires et va aussi les amener à remuer le passé local. Ce qui pourrait semblait être un « détail » dans le récit, est en fait le point de départ de ce récit, comme nous l’explique Agnès Ledig en fin d’ouvrage après une trouvaille presque similaire dans son propre jardin… à ceci près que l’imaginaire de l’autrice à pris le dessus dans ce roman.  

Les différentes histoires des personnages tournent autour d’un même thème. Un thème fort et essentiel : la violence contre les femmes. Elle prend ici diverses formes mais le message est le même. Les histoires des différents personnage sont difficiles, douloureuses, révoltantes. 

Si les histoires m’ont touchée et remuée, c’est pourtant le premier roman d’Agnès Ledig qui ne me fait pas pleurer ! J’ai surtout eu le sourire aux lèvres en imaginant Clémence, Karine, Rémy, Adrien et Capucine se ressourçaient dans ce lieu magique, unique. On voit les trois premiers se détendre, apprendre à se confier, apprendre à faire confiance, apprendre à se faire confiance. 

La version Audiolib a été confié à François-Eric Gendron. Une voix forte, grave, qui raisonne. Une voix qui sait s’adapter aux circonstances narratives, aux différentes intonations et émotions transmises par les mots d’Agnès Ledig.

Elle se sent de moins en moins à sa place dans ce monde peuplé d’humains malveillants, d’horreur omniprésente. Depuis qu’elle est ici, elle se recroqueville dans son petit paradis, se ressource dans la beauté du vivant et ne s’entoure que de ceux qui lui veulent du bien.

 

en bref Ce roman est la définition même du « roman qui fait du bien ». Un roman d’où l’on sort remué mais apaisé. 

 

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