Roman policier / Thriller

Oiseau de proie de Lucy Banks

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Titre original : Caged Little Birds

Autrice : Lucy Banks
trad. de l’anglais (Royaume-Uni) par Charles Recoursé
317 p.
Belfond, 2023


résumé Après vingt-cinq ans passés derrière les barreaux, celle que l’on surnomme « l’Oiseau boucher » est désormais libre. Enfin, libre, un bien grand mot pour cette quinqua qui doit désormais rendre des comptes réguliers à une conseillère désabusée, remettre ses émotions entre les mains d’un psy aigri et vivre sous une fausse identité dans une ville qu’elle ne peut quitter.
Heureusement, il y a Bill, son gentil voisin, un ancien SDF qui tente de se racheter auprès des siens. Un ami pour Ava, peut-être plus. Après tout, elle a payé sa dette, elle a droit au bonheur et rien ne saurait l’empêcher d’en profiter enfin.
Mais quelqu’un l’a reconnue. Un corbeau qui la menace, la pourchasse, réclame vengeance pour ses victimes. Qui peut bien être assez fou pour réveiller l’Oiseau boucher ?
cequejenaipensé  Ava vient de passer les vingt-cinq dernières années en prison pour meurtre. Maintenant que sa peine est écoulée, l’état lui a donné une nouvelle identité (Robin Smith), dans une nouvelle ville. Elle a droit à de l’aide financière pour se loger et se nourrir mais elle doit se rendre régulièrement à des séances chez un psy et une conseillère en réinsertion vient faire le point régulièrement chez elle.
Mais Ava ne se sent pas bien avec cette nouvelle identité. Elle est encore dans le déni de son crime et de sa peine. Elle est déprimée par sa nouvelle vie, désabusée pour son potentiel avenir.
On va commencer à côtoyer Ava ou plutôt Robin dans cette nouvelle vie. Et il est évident que retrouver la liberté après 25 ans derrière les barreaux n’est pas une chose facile. La réadaptation est rude. On sait presque rien de son passé et surtout on ne sait pas qui elle a tué. Par bribes, elle évoque des souvenirs, a des cauchemars… On comprend qu’elle a eu une enfance particulière, sans aller à l’école, elle suivait son père ornithologue. Elle a eu une vie plutôt faite de liberté, sans barrières hormis celles émotionnelles. Elle s’est construite semble-t-il d’une façon peu ordinaire, sans avoir les codes des relations sociales. Enfin, c’est le ressenti que j’ai eu pendant ma lecture.
Et c’est ce manque qui a provoqué son comportement au moment du crime. D’ailleurs, elle déclare « Je ne nie pas t’avoir tué. Mais je nie être responsable. »
Dans cette nouvelle vie, elle ne trouve pas sa place. Pourtant, un voisin, Bill, est très prévenant avec elle. Au contraire d’Amber, la fille de ce dernier qui se montre hostile avec elle. Robin va se forcer à créer du lien avec lui. Elle se dit que ça peut lui permettre de marquer des points auprès du psy et de sa contrôleuse judiciaire… et gagner ainsi un peu plus de liberté de mouvements.
Mais son éducation fragile et ses années de prison ont éveillé en elle la méfiance et la paranoïa. Quand elle reçoit les premières menaces, cette paranoïa va aller crescendo… Elle se persuade qu’Amber est celle qui l’a démasquée…
Le lecteur ne sait plus sur quel pied dansé… faut-il faire confiance à ses déductions ? ou plutôt prendre conscience que rien n’est logique dans son comportement ?
Au fil des pages, Lucy Banks lève le voile sur la personnalité et l’état psychologique de Robin, qui est aussi la narratrice de ce roman. Elle s’adresse à sa victime, à des personnes qu’elle a rencontré dans sa vie… des personnes fantomatiques mais au final le discours nous semble adressé… La folie, la rancœur, la colère grondent en elle, et grignotent peu à peu tout raisonnement logique.
Je me suis retrouvée comme piégée par ce récit… envie de savoir si Robin allait retrouver une place dans la société, avoir droit à une forme de rédemption, si sa folie allait l’emporter, envie de savoir qui était le corbeau… et aussi i faut l’avouer savoir ce qui l’a conduit en prison. Nous n’avons que son point de vue et j’ai fini par douter de sa responsabilité…
Une chose est sûre c’est que Lucy Banks a su jouer avec mon interprétation, mon jugement et mes doutes.
en bref Un roman noir, torturé qui nous amène à remettre sans cesse en question la vérité du personnage principal…
 

Une réflexion sur “Oiseau de proie de Lucy Banks

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