Dis bonne nuit

Auteur : Christian Blanchard

253 p.

Belfond, 2023

Détective privée rennaise, Leïla Le Menn n’aime rien tant que son indépendance. Un petit ami auquel elle ne fait aucune promesse, un van qui lui sert d’appartement : la jeune femme refuse toute attache.

Mais une affaire de disparition va l’entraîner sur une pente glissante. Hubert, un quinqua gay, s’est volatilisé après avoir laissé une lettre énigmatique à son amant. L’homme est accro aux sensations fortes, aux défis mortifères et, plus déroutant encore, adhérent d’une association masculiniste aux méthodes radicales.

Alors que son enquête lui fait rencontrer ce que l’espèce humaine peut créer de pire, la jeune femme va devoir emprunter un autre chemin de croix, plus terrifiant encore : celui qui mène à son passé, au suicide inexpliqué de sa mère et à ce monstre sans visage qui la terrorisait enfant…

Dès qu’on ouvre un roman de Christian Blanchard, on se retrouve piéger par son écriture! Ça a été le cas pour Iboga notamment, roman par lequel je l’ai découvert. Et c’est le cas, une nouvelle fois avec ce roman paru au printemps.

Leïla Le Menn a toutes les compétences et l’intuitivité pour devenir une enquêtrice hors pair. Mais, suite à un drame personnel, elle n’a pas choisi la voix de la police. Elle a créé sa propre agence de détective privée. Elle a essentiellement droit à des enquêtes de surveillance de conjoint mais elle ne désespère pas d’avoir des affaires plus attrayantes une fois qu’elle se sera fait un nom.

Et ce serait peut-être bien celle qui vient de toquer à sa porte ! Elle vient de finir un contrat : une femme voulait savoir si son mari la trompait. Effectivement c’était le cas, mais il l’a trompé avec un homme. Dès le lendemain, le mari vient à son tour quérir son aide. C’est son amant qui a disparu après lui avoir laissé une étrange lettre. Il est inquiet mais pense qu’il ne sera pas entendu par la police.

Si dans un premier temps, elle a le réflexe de refuser cette nouvelle enquête, quelque choses l’interpelle dans le témoignage de l’amant abandonné. Et plus elle va creuser sur sa personnalité et surtout sur celle du disparu plus elle est convaincue que ce n’est pas une simple disparition. Cet homme avait des habitudes et des certitudes de vie peu inhabituelles, voire toxique pour son entourage.

Leïla est une femme sans attache. Sa mère, flic, s’est suicidée quelques années auparavant… Elle a coupé les ponts avec ce qui lui restait de famille. Son compagnon, flic lui aussi, est une encre pour elle, mais elle reste libre de ses mouvements. Elle semble avoir une vie assez minimaliste. Mais une part de noirceur l’habite. Quelque chose qui la ronge depuis longtemps. Dont elle n’a pas conscience. Et qui a d’énormes répercussions sur sa vie personnelle, et sa façon de la vivre.

Cette histoire (c’est qui nous semble au départ de notre lecture, mais on comprendra à la fin de notre lecture, qu’il y avait une autre raison) va faire remonter les blessures de son passé dans des cauchemars. Mais elle ne les comprend pas. Ne le décode pas.

Quel lien peut-il y avoir avec cette affaire, son passé meurtri et la mort de sa mère ?

Son enquête va lui faire rencontrer des personnages imbuvables, hautains, et qui font froid dans le dos par leur idéologie passéiste.

L’intrigue imaginée par Christian Blanchard, est noire, sombre et remue quelque chose en nous. Que ce soit pour ce qui concerne l’enquête de Leïla ou pour celle sur sa propre histoire. Cette jeune femme est attachante et même si elle n’en a pas l’impression, quelques personnes qui gravitent autour d’elle seront à pour elle pour l’épauler, à leurs façons, mais ils seront là.

En ce qui concerne, la fin. Elle peut être surprenante mais quand on a compris la personnalité de l’héroïne, elle est toute à fait logique.