Un beau jour
Autrice : Agnès Laurent
329 p.
Récamier, 2024
Elle avait ajouté, ils ne sont pas morts, ils ont » disparu « . Et alors, c’est quoi la différence ? Elle avait expliqué, il avait souri, tu crois vraiment qu’ils pourraient encore revenir ?
Tout commence un beau jour d’été. Claude et Marie Cotraz décident de partir faire une excursion en haute montagne, laissant leurs quatre enfants au chalet, seuls. Le temps change, le chien aboie, un violent orage se profile. L’inquiétude gagne la fratrie. Ils connaissent les dangers de la montagne. Elle a englouti tant d’hommes et de femmes sans un mot, et il arrive qu’elle prenne ceux qu’on aime.
Marie-Pierre, Luc, Paule et Jean se souviendront à jamais de l’attente, de l’angoisse, des éclairs, du sommeil qui vient quand même, et au réveil, de l’espoir d’entendre les parents dans la cuisine. Reviendront-ils ? La montagne livrera-t-elle son secret ?
Cinquante ans de la vie d’une fratrie, racontant le poids du silence, les destins contraires de chaque frère et sœur, aussi unis que déchirés par ce beau jour où tout a basculé.
Le précédent roman d’Agnès Laurent, Rendors-toi, tout va bien, m’a laissé un très bon souvenir. Un roman qui était sombre et qui avait une construction narrative pleine de suspens et de mystère. Ici, Agnès Laurent m’a surpris dans un tout autre genre littéraire mais son écriture reste addictive.
Un beau jour est un roman familial qui parle du deuil difficile des familles de « disparus ».
Nous sommes en 1970.
Un beau jour…
Tout se passe comme d’habitude au sein de la famille Cotraz. Une journée comme une autre ou presque. Les enfants se prépare à passer une journée sans parents alors que ces derniers ont décidé de passer la journée en randonnée en montagne. Claude et Marie s’en vont. Les enfants restent. La plus âgée Marie-Pierre prend en charge la maisonnée et prend son rôle de maîtresse de maison au sérieux. Repas, lessive, surveiller les petits. Tout se déroule tant bien que mal.
Mais le temps se gatte. Un orage éclate. Et les parents ne reviennent pas.
Le lendemain non plus.
Le temps passe et il faut se rendre à l’évidence. Ils ne reviendront pas. Les enfants eux gardent espoir. Mais la réalité du quotidien va les rattraper. Leur oncle et leur tante ne peuvent plus subvenir aux besoins de quatre enfants. alors les plus grands sont envoyés en pensionnat. Une décision qui jouera beaucoup dans la construction de leur caractère, de leur sentiment d’être de trop…
Nous allons suivre la fratrie de leur petite enfance jusqu’à leur vie d’adulte. Chacun vivra cette disparition, ce deuil difficile à sa façon. Chacun se construira autour de ce point de départ dramatique. Mais tous auront un point commun : ils veulent savoir ce que sont devenus leurs parents. Ils gardent toujours l’espoir de les retrouver. Ils vivront leur vie différemment, l’une restera sur place et fondra sa famille dans le culte du souvenir familial. L’autre fuira de l’autre côté de la France pour s’éloigner du lieu qui l’a fait souffrir. Un autre deviendra guide et passera le plus de temps possible sur les sentiers de randonnée à leur recherche d’une trace. Et le dernier sera rongé par la douleur de cette disparition.
Un roman qui aborde la douleur, la perte, le deuil impossible, le doute persistant et les relations familiales. Cette histoire m’a bouleversée. Les personnages m’ont émue par leurs comportements réalistes et humains. Ils font des erreurs, ils disent des choses qu’ils regrettent. Ils souffrent différemment. Ils souffrent pour la même raison. Mais cette souffrance devient souvent, comme entre ces pages, un obstacle pour se comprendre, pour s’entraider au sein même de la famille.
Un roman puissant. Emouvant.
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