Roman "jeunes adultes"/SF / Fantastique

The Rain de Virginia Bergin

The Rain

Auteur : Virginia Bergin

383 p.

Bayard, 2017

résumé Ruby passe la soirée avec ses amis quand le monde bascule. La radio diffuse en boucle un message d’alerte : « Protégez-vous de la pluie, c’est une question de vie ou de mort ». La petite bande court se mettre à l’abri, mais l’un d’entre eux décide d’affronter les gouttes. Aussitôt, les parties de son corps exposées à l’eau sont en sang. Ruby réussit à rentrer chez elle et retrouve Rebecca, sa mère, Simon, son beau-père et Henri, son petit frère. Malgré toutes leurs précautions, Rebecca et Henri meurent. Simon décrète une interdiction totale d’utiliser l’eau.La pluie ne cesse de tomber. Il n’y a plus de téléphone ni d’internet. Selon les informations, un nuage de poussière porteur d’un virus se serait abattu sur la terre. Une pluie acide brule la peau et fait exploser les cellules. Un matin, le ciel est bleu. Ruby et Simon s’aventurent dans la ville et découvrent des scènes de pillages, cadavres, voitures entassées. Le temps de revenir à la maison, Simon crache le sang… Désormais, Ruby est seule et décide de rejoindre son père à Londres. Un long périple commence. Quand elle arrive enfin, la maison est vide mais Ruby découvre un mot de son père daté du 23 juin disant qu’il reviendra le 26. Sept semaines plus tard, Ruby a organisé sa survie et elle attend toujours…

çacommencepar Si c’était juste une histoire – le genre de roman idiot qu’on lit pour se divertir -, le début serait génial! Tellement fantastique que tout le monde voudrait en faire un film.

cequejenaipensé Ru a décidé de prendre la plume pour raconter ce qu’il s’est passé et elle nous prévient : c’est rude, c’est difficile et désespérant. Au moins on sait à quoi s’attendre! Ruby, alias Ru, s’adresse directement à son lecteur… s’il existe encore. Dès les premières lignes, elle nous fait comprendre que le monde tel qu’on le connaît n’est plus qu’un lointain souvenir. On se doute que ça a lien avec la pluie (ben oui on a quand même un gros indice avec le titre et la superbe couverture).

Je ne vois pas l’intérêt de parler d’avant. Des choses qui étaient et qui ne sont plus. Premièrement, je suis malade rien que d’y penser. Tellement que j’ai envie de gerber. Deuxièmement, ça n’a plus d’importance. Tout ça n’existe plus.

Sans revenir trop sur le passé qui n’est plus, Ruby, notre ado de 15 ans, est quand même obligée de nous dire brièvement qui elle est et ce qu’elle était en train de vivre au moment où tout a basculé. Alors qu’elle passe une soirée très agréable avec ses amis. Et la pluie commence à tomber. Une pluie différente. Une pluie menaçante. Une pluie contaminée. Au moindre contact, il est trop tard. La personne semble brûlée, et perd rapidement énormément de sang. Mais que se passe-t-il ? Pourquoi personne ne donne d’explication s ? Très vite un vent de panique gagne les amis. Ruby rentre chez elle et prend alors réellement conscience du cauchemar qui est en train de commencer. Avec son beau-père et sa mère, ils enclenchent le mode survit. Ce dernier va tenter de lui enseigner le plus rapidement possible les bons réflexes à avoir pour survivre. Et celui qui est le plus important : Réfléchir !

Virginia Bergin nous positionne directement au cœur de l’action et j’ai apprécié cette mise en situation. Le lecteur n’a plus de repères, est aussi désorientée que Ru. On prend petit à petit conscience de la gravité de la situation. Que le monde ne pourra plus être le même. Ru va se retrouver seule. Avec pour seul but d’atteindre coûte que coûte Londres pour retrouver son père. Et a route sera longue et pleine d’embûche. Car comme dans tout film/série/roman post apocalyptique, les hommes montrent leur pire côté. L’instinct de survie est enclenchée. Et Ru qui au début nous semble être une jeune fille futile, va se prouver et nous prouver qu’elle est combative, intuitive, réfléchie et pleines de ressources. Alors évidemment tout ne sera pas rose pour elle, elle commettra des erreurs mais elle en tire des leçons pour toujours avancer. Son parcours jusqu’à Londres ne sera pas de tout repos mais elle pourra compter pendant un temps sur la compagnie de chiens mais aussi d’un camarade de classe auquel elle n’aurait même pas voulu adresser la parole avant.

Il y a un avant et un après la pluie pour le monde mais surtout pour Ru. On l’a voit grandir, mûrir sous nos yeux. Devenir plus responsable, plus sûre de ses actions. Elle est motivée par une force intérieure. Elle a un but et on espère tout le long qu’elle y arrivera.

L’autrice donne certaines explications sur le pourquoi du comment de cette pluie. Et même si tout le long on espère qu’elle va s’arrêter un jour, qu’on trouvera une solution, ce n’est pas le réel but de l’intrigue. Ce roman est surtout un roman de survie. Que faire si un jour on arrivait à ne plus avoir d’eau potable ? Comment survivre ? Il faut dire que le manque d’eau est un sujet d’actualité par les périodes de sécheresse qui se multiplient, mais aussi un sujet de société : l’eau est de plus en plus polluée par l’homme. Et ce roman est une sans nul doute une façon pour l’autrice de tirer une sonnette d’alarme, de donner une version d’un futur plausible.

L’ambiance de ce roman est angoissante, oppressante. On s’imagine enfermé, barricadé dans une maison vide, dans une voiture à l’abri de la moindre goutte du liquide empoisonné. On doute du moindre contact qu’elle peut avoir avec d’autres personnages. Et c’est cette atmosphère, cette tension qui font qu’on tourne les pages pour savoir si Ru va s’en sortir, si elle gardera toujours l’espoir, si elle va arriver à atteindre son objectif. Virginia Bergin écrit ce récit comme s’il s’agissait d’un journal de bord écrit par Ru. Le style y est donc très direct et familier. On sent la fraîcheur du personnage, sa spontanéité et sa véhémence. Le langage est fleuri, vivant. Et le fait qu’elle s’adresse à nous directement nous oblige, d’une certaine façon, à prendre part à l’action du roman. Ru, même si elle est livrée à elle même, et que plus rien ne l’empêche d’être brute dans son langage, décide de respecter les règles de sa mère en matière de politesse. Donc nous n’aurons aucun jurons dans ce roman. Mais elle convient que certaines situations doivent également respectées la spontanéité des réactions. C’est pourquoi au lieu des gros mots, nous aurons droit à une petite fantaisie : un petit papillon remplace ces vilains mots ! Au début j’ai trouvé cela étrange mais finalement cela apporte une touche de légèreté, un souffle, un apaisement à la tension du récit.

En voyant ce titre et le thème du roman, vous penserez sans doute au roman Les Pluies de Vincent Villeminot. J’ai eu peur d’une redite, mais au final ce sont deux points de vue et de traitement du thème radicalement différent. Vous pouvez donc lire ces deux titres sans en avoir peur de les confondre ou de les comparer!

 

en bref Un roman palpitant, surprenant et inquiétant! A lire par temps pluvieux… ou pas! 😉

 

6 réflexions sur “The Rain de Virginia Bergin

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