Audiolib, 2017
Ed. Grasset et Fasquelle, 2017
» Venge-nous de la mine » , avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis, poings levés au ciel après sa disparition brutale. J’allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, parti en paysan. Venger ma mère, esseulée à jamais. J’allais punir les Houillères, et tous ces salauds qui n’avaient jamais payé pour leurs crimes.
Le Jour d’avant de Sorj Chalandon (extrait, lu par Stéphane Boucher)

Je suis donc partie à la découverte de la plume de l’auteur et de son univers. Ici, il nous invite dans le Nord. Dans le monde des mines et de son travail pénible et douloureux. L’auteur nous propose de (re)découvrir cette partie de l’histoire de France par un portrait, un témoignage, un récit de vie.
Ce portrait, c’est celui de Michel, le narrateur. Il est à un tournant de savie et pour qu’on comprenne pourquoi il en est arrivé là, il remonte dans son passé. Il nous raconte son enfance, sa complicité avec son frère Jojo. Il nous raconte sa région. Les mines de Liévin.

Il nous raconte surtout le jour qui a marqué sa vie pour toujours : le 27 décembre 1974 et la catastrophe du puits 3bis. Une catastrophe qui a marqué la région à jamais. Et surtout Michel qui a perdu son frère ce jour-là. Sorj Chalandon s’attarde sur son histoire parsemée de malheur. Il découpe son récit en trois partie : son enfance, la vie avec sa femme en train de mourir et enfin la vengeance (ce qui l’a déclenchée, comment il la met en place puis les conséquences). Le récit se construit au fil de ses trois temporalités. Les faits se complètent, se délient, s’éclairent peu à peu différemment. Sorj Chalandon construit ici un puzzle dont les pièces s’imbriquent à la perfection et qui donnent une dimension profonde à ce récit. Mais à travers le récit de cette vengeance et le portrait de cet homme, il met surtout en avant l’histoire d’une région et rend hommage à tous les disparus et victimes de cette industrie.
Sorj Chalandon est un auteur de la description. Il prend son temps pour tout mettre en place, pour présenter les faits, le contexte et son personnage principal. Ainsi Michel devient pour le lecteur quelqu’un d’intime. On éprouve une forme d’empathie pour lui, pour son histoire. Le récit se déploie et on se laisse porter par ses mots, par la sincérité du personnage, par sa douleur. De l’émotion brute. Et puis la seconde partie arrive. Les explications et un tout autre éclairage. Auquel on ne s’attendait pas. Qui redonne un nouveau souffle à l’intrigue et qui donne tout son sens au récit.
Dans la version Audiolib, c’est Stéphane Boucher qui prête sa voix à Michel. Il lui insuffle la vie et nous partage à merveille sa détresse, sa colère et ses désillusions. Un très bon choix pour incarner ce texte émouvant de Sorj Chalandon.
Ce me paraît un livre très intéressant en effet !
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