Roman

Même les méchants rêvent d’amour d’Anne-Gaëlle Huon

Même les méchants rêvent d’amour

Autrice : Anne-Gaëlle Huon

359 p.
Albin Michel, 2019

Jeannine, 80 ans passés, a la mémoire qui s’effiloche. Les jours sont comptés avant que ses souvenirs plient bagage. Alors Jeannine fait des listes, toutes sortes de listes. Et surtout, elle consigne dans un carnet ce qu’elle n’a jamais osé raconter. L’histoire d’un secret, d’une rencontre, d’un mensonge. Elle se confie à Julia, sa petite-fille. Quand celle-ci la rejoint en Provence, elle découvre une maison de retraite très animée. Tandis que Jeannine semble déjà partie bien loin, le précieux carnet s’offre à Julia comme un cadeau du destin. Entourée d’une bande de joyeux pensionnaires, la jeune femme va tenter de faire la lumière sur les zones d’ombre du récit. Et lever le voile sur l’histoire d’amour bouleversante qui a marqué la vie de sa grand-mère. Et s’il n’était pas trop tard pour réécrire le passé ?
Cette histoire commence dans un petit village de Provence. Un village aux tuiles rondes perché sur les collines, entouré de vignes et gorgé de soleil.
cequejenaipensé Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en ouvrant ce roman. Je me suis juste laissée tenter par cette jolie première de couverture, sans lire le résumé, en le sortant de ma PAL. Et une fois la dernière page tournée, j’étais chamboulée mais j’avais le sourire aux lèvres.

Liste des choses que j’aurais aimé savoir à ton âge

Mieux vaut demander pardon que de demander la permission
Après l’hiver vient toujours le printemps
Les vraies histoires d’amour sont rares. Bats-toi pour les vivre.
La vie n’est pas toujours facile. Accepte-le et va de l’avant.
Aime-toi comme tu voudrais que l’on t’aime.
Pardonne: la vie est trop courte pour la vivre en colère.
Tout commence par un rêve: crois au merveilleux.

Julia, autrice de biographie, décide de quitter la capitale pour aller retrouver sa grand-mère en Provence. Cette dernière, Jeannine, est tombée dans son jardin. Sujette à de gros problèmes de mémoire, elle doit désormais vivre dans un établissement spécialisé. Julia très proche de sa grand-mère est perturbée par ses changements d’humeur, par cette mémoire vacillante. Elle culpabilise de ne pas être venue plus tôt. Elle sait que c’est du temps de perdu à jamais… Logeant chez sa grand-mère, elle découvre les notes que celles-ci laissées un peu partout dans la maison pour se souvenir de l’essentiel. Et elle trouve aussi un carnet qui lui est destinée, un carnet écrit par sa grand-mère quand cette dernière a réalisé que sa mémoire prenait la poudre d’escampette. Un carnet où elle a envie de révéler son grand secret à sa petite-fille chérie. Alors, Julia commence à le lire, à redécouvrir sa grand-mère. Et l’envie d’en parler avec elle grandit en elle.
Vous connaissez la « robase » ? C’est un peu comme un code postal en forme de bouton de rose. Si vous ne mettez pas de fleur dans l’adresse, votre courrier n’arrive jamais.
Sa lecture sera entrecoupée par des rencontres inoubliables et qui seront déterminantes pour la suite. Félix, un jeune homme, travaillant comme accompagnateur dans la structure médicalisée où vie Jeannine, qui rêve de comédie musicale. Antoine, le trufficulteur au caractère indéchiffrable mais au charme indéniable. Lucienne, amie d’enfance de sa grand-mère, qui semble peu enchantée de la présence de Julia (et c’est peu de le dire!). Et puis il y a les autres pensionnaires de la maison de retraite qui égayent le quotidien de bien des façons.
Anne-Gaëlle Huon a trouvé l’inspiration de ce roman dans un carnet que sa grand-mère lui a confié (d’ailleurs on retrouve sa photo sur la quatrième de couverture). La relation de Julia avec sa mamy m’a touchée, émue. Mais son histoire m’a encore plus bouleversée je pense. Ce drame, cette injustice qui a changé sa vie et qui a encore des répercussions des décennies plus tard. Chaque personnage, même les plus antipathiques, va nous toucher à leurs façons.
Le roman parle d’amour, de souvenirs et de pardon. De mémoires défaillantes, de regrets. De relations humaines.
Julia est un personnage perdue dans sa vie, engluée dans son métier. Elle aime écrire mais elle est bloquée, insatisfaite. La maladie de sa grand-mère va faire l’effet d’un électrochoc. Son installation temporaire en Provence et ses nouvelles rencontres, vont l’éveiller à un autre avenir possible.
Que ferais-je si on m’annonçait que demain je ne me souviendrais plus de rien ? Quels messages me laisserais-je à moi-même ? De quoi aimerais-je me souvenir ? Du nom de mes amis, de mon café favori, de mon libraire peut-être ? De mes auteurs préférés ?
Ce roman est bienveillant, il véhicule un beau message de tolérance et surtout de l’écoute de l’autre. On rit, on pleure et on sort de ce roman comme apaisé, avec un sourire aux lèvres. J’ai eu aussi forcément une pensée émue pour mes deux grands-mères qui sont parties à quelques mois d’intervalles, des regrets aussi de ne pas avoir assez parlé de « l’avant » avec elles.
Il dit qu’on n’a pas le temps d’hésiter, que le bonheur, ça s’attrape au vol, qu’il faut s’y agripper bien fort et se laisser porter.
 

6 réflexions sur “Même les méchants rêvent d’amour d’Anne-Gaëlle Huon

  1. La relation entre la grand-mère et la petite fille me tente ++… mais j’ai entendu dire qu’il y avait quand même beaucoup de clichés alors du coup, j’ai un peu peur.

    • Des clichés? pas forcément peut-être des facilités mais c’est inhérent au genre je pense. En tout cas moi ça ne m’a pas choqué en tout cas 😉

  2. Pingback: Les Demoiselles d’Anne-Gaëlle Huon | Les Lectures d'Azilis

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