Roman "jeunes adultes"

En plein vol de Manon Fargetton et Jean-Christophe Tixier

En plein vol

Auteurs : Manon Fargetton / Jean-Christophe Tixier

282 p.

Rageot, 2020

résumé Déployer ses ailes et prendre son envol. Planer dans la brise, se griser de vitesse.

Lorsque Romane et Jules se rencontrent à la fac, leur amitié est fulgurantes, nourrie d’idéalisme. Quelle vie veulent-ils mener ? Une existence remplie d’un amour rare, d’une famille-nid et de confiance ? Ou baignée d’art et de marginalité, de liberté et d’urgence, sans aucun attrait pour le futur ?

Il est des oiseaux qui dorment dans les grands vents, d’autres qui veulent atteindre le soleil.

 

6h30.
La tête toujours pleine des éclats de lumière.
Le corps vibrant encore au rythme des pulsations sonores.
Jules entraîne le garçon vers la sortie.

 

cequejenaipenséIl y a deux ans je vous avais parlé du premier tome Quand vient la vague. Premier tome que j’avais aimé pour son suspens et son histoire touchante.On y faisait la connaissance de Clément et Nina.
J’envoie des sourires rebondir sur les murs du couloir. Ils croisent d’autres lèvres. S’y opposent. C’est contagieux un sourire. Je suis le patient zéro de l’épidémie. Le point d’origine. J’irradie, j’éclaire.
Dans cette suite, parue en début d’année, Clément et Nina sont toujours là. Mais ce sont cette fois des héros de l’ombre, des personnages secondaires. Et ce sont les personnages secondaires du précédents volets qui sont sur le devant de la scène : Romane et Jules. Romane a quitté Lacanau pour s’installer à Paris pour ses études. Sur les bancs de la fac de sociologie, elle retrouve Jules qui avait épaulé Nina dans sa fugue. Jules, qui a été mis à la porte de chez lui car ses parents n’acceptent pas son homosexualité, s’était retrouvé à la rue. Grâce à l’association Le refuge et à Nina, il a désormais un foyer et suit donc un nouveau cursus scolaire. Une amitié tendre et poétique va se tisser entre Romane et Jules. Tous les deux vont connaître une année difficile.
Un projet scolaire les amène à se pencher sur les sans domicile fixe ce qui va remuer des choses en Jules, qui n’a encore pas cicatriser de se rupture avec ses parents. Romane quand à elle vit toujours le grand amour avec Clément, même si c’est à distance. Grâce à lui, elle va enfin se décider à aller voir un médecin car tous les mois et lors des rapports sexuels, elle souffre atrocement (et le mot est faible). Le verdict tombe : endométriose.
Homosexualité, endométriose et sans-abris… Trois thèmes complexes et semblent-ils difficile à trouver dans un même roman. mais nos deux auteurs, Manon Fargetton et Jean-Christophe Tixier, y arrivent très bien. La force de ce roman c’est sans doute la personnalité de ses personnages. Ils sont jeunes certes mais avec leurs fêlures, les épreuves qu’ils ont déjà dû vivre et que leur destin leur réserve encore, ils ont de quoi nous dire, nous faire vivre ces événements auprès d’eux.
Mes yeux se perdent sur l’horizon. Je pense à Fanch, Van, Denis , Martin et aux autres. Il y a un monde à construire. A reconstruire. A déconstruire. Celui que nous ont légué nos parents et qui étouffe tout – les hommes, les arbres, les rêves. Mais on n’y arrivera pas si on ne tient pas debout. Alors d’abord, aller mieux. Aller moins mal, ensemble. Un pas après l’autre. Et ne plus se lâcher. Je ne sais pas encore qui je veux être, mais à leurs côtés, je sais qui je suis. Ils sont ma tribu, ma famille cabossée, ceux qui m’accepteront sans chercher à me changer ou me reprocher mes faiblesses, ceux qui m’engueuleront quand je déconne, ceux qui seront là quand j’en ai besoin, ceux qui s’éloigneront parfois mais reviendront toujours. Et ce sera comme si on s’était quittés la veille.
12992811_10209213650040435_505270499_n Une suite réussie car ils ont su renouveler leur intrigue, construire un récit intelligent, sensible, réaliste.

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