Roman

Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa

Tout le bleu du ciel

Autrice : Mélissa Da Costa

Lu par Bruno Meyere

20h48

Audiolib, 2021
Carnets Nord/Albin Michel, 2019

 

résumé  Petiteannonce.fr : Émile, 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.

Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, avec le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme, qui a pour seul bagage un sac à dos, un grand chapeau noir, et aucune explication sur sa présence. Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naît, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.

 cequejenaipenséA force d’en entendre parler, j’avais très envie de lire ce roman. Et forcément, comment souvent, avec une petite appréhension. Celle de trop à attendre. Celle d’en avoir trop attendu et donc d’être déçue. Volontairement, j’ai évité d’en savoir trop sur l’intrigue. Je crois qu’en le commençant je savais seulement qu’il s’agissait d’une sorte de road trip et que je risquais pleurer.

Je me suis donc armée d’un mouchoir, toujours à porté de main, et j’ai enclenché mon lecteur audio. Et la douce voix de Bruno Meyère m’a transporté aux côtés d’Émile et Joanne, dans leur camping-car. La voix du lecteur de cette version audio est donc douce mais pas seulement, elle véhicule les émotions de chacun, nous fait vivre les beaux moments comme les moins bons, incarne tour à tour les différents personnages (et il y en a quelques un durant ce périple!). Le texte en lui-même nous fait ressentir de l’empathie pour les deux héros, mais la voix de Bruno Meyère s’y ajoute et intensifie le ressenti.

J’ai donc fait la connaissance d’Émile. Il vient d’apprendre qu’il est atteint d’une forme rare d’Alzheimer, une forme qui touche les jeunes comme lui (il a 26 ans). (Dès les premières pages donc on prend une vague forte de douleur, de colère, d’injustice…). Refusant, un acharnement et un essai clinique, il préfère s’éloigner de sa famille, sans les prévenir. Il ne veut pas qu’ils le voient diminuer, ils le voient devenir quelqu’un d’autre. Il veut qu’ils gardent une belle image de lui. Alors, sur un coup de tête, il a acheté un camping car et publié une annonce pour trouver un partenaire pour son ultime aventure. Il ne croit pas vraiment à une réponse mais, contre toute attente ce sera une jeune femme, Joanne, qui lui répondra. En moins de 48h, l’affaire est réglée. Elle arrive de Bretagne, il la récupère a une entrée d’autoroute… et c’est le grand départ. Direction le Sud Ouest et les Pyrénées.

Il ne sait pas pourquoi elle a décidé de partir. Mais e n’est pas grave. Il ressent une blessure en elle, un besoin de s’éloigner, de faire le point. Un peu comme lui finalement. Les premiers kilomètres s’enchainent dans le silence, l’observation à la dérobée, des échanges timides… C’est une toute nouvelle vie qui s’offre à eux et il va leur falloir s’adapter et apprendre.

Mon père avait recopié une citation sur le mur du salon. Elle disait : « Le moment présent a un avantage sur tous les autres : il nous appartient ».

Chaque étape sera l’occasion de se découvrir mutuellement, d’en apprendre plus sur eux-mêmes. Et surtout ils vont aller à la rencontre des autres, découvrir des gens passionnés, de belles personnes qui les feront avancer psychologiquement vers ce qui les attend.

Il a de la chance de faire ce voyage. Quelque part, il a de la chance de savoir qu’il va mourir très bientôt. Sans ça il n’aurait jamais pris le temps de partir, de voyager au cœur de lui-même, de voir les choses avec de nouveaux yeux.

Ma crainte de ne pas aimé ce roman, d’être déçue s’est volatilisée dès les premières minutes d’écoute. La voix du lecteur, les mots de Mélissa Da Costa, les personnalités des héros (et en premier celle d’Émile) ont provoqué un tsunami en moi. Alzheimer je connais. De bien trop près. Une maladie terrible, dégénérative. Donc forcément rien que l’annonce de la maladie et l’échange entre Émile et son meilleur ami a été forte en émotion. Et puis, même si ce poids plane, même si le déclin d’Émile est palpable, on se surprend à vivre un moment incroyable auprès de lui et de Joanne. L’autrice nous permet de rencontrer des personnes uniques, merveilleuses. Des personnes qui amènent un éclairage différent sur la vie et son rapport aux autres, à l’importance de vivre pleinement le moment présent.

La vie n’en a jamais terminé. Il l’a bien compris. Tant qu’il décidera qu’il n’est pas mort, elle continuera de lui jouer de drôles de tours. Et il n’est pas encore mort. Au contraire. Il ne s’est jamais senti aussi vivant.

C’est un road trip géographique : que de beaux paysages décrits, de villages pittoresques… J’ai très envie d’aller en visiter certains d’ailleurs (je connais déjà certains lieux étant moi-même du Sud-Ouest). Notamment Eus et Lescun pour n’en citer que deux…

C’est aussi (et surtout) un road trip humain. Joanne a besoin de paix, de se recentrer sur elle-même après de lourdes épreuves (et je peux avouer qu’à certains passages de son passé récent j’ai eu envie de hurler, et de baffer certains personnages!!). Elle a besoin de guérir de ces épreuves pour avancer. Émile, lui, a besoin de partir apaiser et finalement ce voyage lui apportera des réponses sur ses actes passés. Il a besoin de faire la paix avec soi-même.

Ce roman est une bulle de bonheur, un concentré de vie et d’émotions. Pureté, sincérité, humanité. Mon petit cœur a été chamboulé et je ne peux que vous inviter à partir à l’aventure dans le camping-car d’Émile et Joanne. Un voyage essentiel !

coup de coeur

 

Une réflexion sur “Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa

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