titre original : Scripta Manent
Autrice : Paola Barbato
trad. de l’italien par Anaïs Bouteille-Bokobza
415 p.

Un écrivain n’est personne. Ses mots sont plus grands que lui : ils se fixent dans les mémoires et occultent son nom, son visage, tout. Un écrivain dispose de deux moyens pour devenir plus célèbre que ce qu’il a créé : écrire puis mourir de façon éclatante, ou bien tuer de façon éclatante puis écrire.
La troisième voie est rare.
C’est un saut dans le vide, une métamorphose extrême.
La transformation d’un auteur en personnage.
J’ai découvert l’univers de Paola Barbato avec Le Fil Rouge il y a déjà 3 ans et j’en gardais un très bon souvenir. J’avais donc hâte de découvrir son nouvel opus et encore plus en découvrant le thème. Le monde de l’édition, deux auteurs rivaux! Cela laissait présager de belles choses!
Bon à tuer est très différent de son précédent dans sa construction et sa chronologie. Un peu déroutante, on se laisse prendre au jeu. En tout cas pour ma part! Il y a de nombreux personnages et l’autrice s’amuse à changer de point de vue au grès des paragraphes. Ces deux éléments déroutent un peu l’équilibre du lecteur. Mais une fois pris le pli, on comprend que le choix de cette construction d’un premier abord anarchique prend tout son sens dans l’intrigue et la psychologie des divers personnages du roman.
L’intrigue s’ouvre lors d’un événement médiatique important à la télévision italienne. Les deux plus grands vendeurs de romans du moment vont signer en direct et devant témoin un contrat stipulant que leurs livres sortiront le même jour et à la même heure, et obligeant les libraires à présenter les deux simultanément. Celui qui en vendra le plus gagnera un prix. Ces deux auteurs sont Corrado De Angelis et Roberto de Palmieri. l’un est un ancien neurochirurgien qui a écrit de nombreux romans de qualité, l’autre est un auteur qui aime se faire remarquer plus pour ses frasques que pour ses écrits de maigre qualité. Mais l’émission ne se passe pas comme prévu. Roberto, semblant ivre et fou, s’en prend ouvertement à Corrado de Angelis. Puis ce dernier disparaît à la fin de l’émission. Enlèvement ? Meurtre? Fuite?
Quand ce dernier est retrouvé, il semble évident que le kidnappeur imite l’œuvre de De Angelis.
Une enquête périlleuse débute alors mené par un flic observateur, l’assistante complètement barrée/bizarre de De Angelis, le notaire qui était censé concrétiser officiellement la compétition des deux auteurs et Roberto Palmieri, lui-même qui a de bonnes raisons pour être aussi sur les nerfs!
L’autrice s’en donne à cœur joie pour tracer un portrait au vitriol du monde de l’édition. Pour cela, elle caricature les différents personnages, chacun a sa façon paraît loufoque, réfléchi ou complètement fou. On se demande qui manipule qui ? La question principale, dans un premier temps, est qui veut se venger. L’autrice, dès les premières pages, semble désigner la harceleuse de Roberto de Palmieri. Mais on se doute que c’est un peu trop évident. Alors pourquoi tout ça ? Vengeance ? Désir ? Jalousie ?
Cette lecture a été vraiment intrigante de par son thème, de par ses personnages volontairement caricaturaux et de par sa construction atypique.
Un thriller psychologique étonnant et détonnant!
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